Décrit comme un « infatigable travailleur », il avait même célébré une messe le 1er juillet dernier, avant d’être admis le lendemain à l’hôpital Honoré-Mercier, où il est finalement décédé le 12 juillet, à 91 ans. Le père Lussier avait semble-t-il passé un pacte avec Dieu : il continuerait de parler de Lui et de le faire connaître jusqu’à ce que sa santé le lui permette. « Et il m’a pris au sérieux », avait-il dû constater au crépuscule de sa vie.
Le parcours de l’homme d’Église a été retracé en détail durant la célébration, permettant ainsi de constater que « sa vie entière a été consacrée à aimer et à faire aimer Dieu ».
Natif de Montréal, il est entré au noviciat des Dominicains à Saint-Hyacinthe en 1947, à l’âge de 21 ans, et est ordonné prêtre cinq ans plus tard, alors qu’il étudie la philosophie et la théologie au couvent dominicain Saint-Jean-Baptiste, à Ottawa. Roger Lussier sera par la suite vicaire à Montréal et à Trois-Rivières avant de revenir en 1978 à Saint-Hyacinthe, à la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, toujours comme vicaire. Il est devenu curé en 1983 et le restera jusqu’à son décès, hormis un intervalle de quelques années, a-t-on résumé pendant la cérémonie.
Le procureur provincial des Dominicains, le frère Jean-Jacques Robillard, ainsi que le supérieur du Séminaire de Saint-Hyacinthe, le chanoine Gilles Mathieu, ont pris part à la célébration, durant laquelle l’étole du père Lussier (le morceau de tissu que les prêtres portent sur les épaules) a été symboliquement déposée dans son cercueil.
Un religieux impliqué
Connu pour « l’accueil bienveillant qu’il réservait à tous », l’implication communautaire du père Roger Lussier a évidemment été soulignée, lui qui œuvrait depuis longtemps comme vice-président du conseil d’administration de la Maison L’Alcôve.
Le centre est en effet en deuil de l’un de ses piliers fondateurs. Faisant partie d’un groupe de personnes désireuses d’aider ceux aux prises avec des problèmes de consommation, le père Lussier a été en 1985 « la pierre angulaire » des débuts de la Maison L’Alcôve, a affirmé sa directrice générale, Manon Desrosiers. L’homme de foi a permis d’apporter une plus grande légitimité au projet et de surmonter les embûches qui ont permis à L’Alcôve de naître. Sa présence a aussi contribué à l’apport précieux reçu des communautés religieuses. « C’était une figure de proue de l’organisme », n’hésite pas à dire Mme Desrosiers.
Le père Lussier apportait également une dimension spirituelle au centre, qui préconise une approche en douze étapes incluant notamment une dimension spirituelle. Malgré tout, « il ne tannait jamais les gens avec la religion, il n’arrivait même pas en se présentant comme prêtre », a témoigné Manon Desrosiers, décrivant un homme « simplement accueillant », à l’approche avant tout humaine.
Roger Lussier a toujours été impliqué au sein du conseil d’administration de la Maison L’Alcôve et a été actif jusqu’à ses tout derniers moments. « Il était en quelque sorte la permanence, on était habitué de le voir. Il a même siégé à la dernière réunion du 13 juin », a témoigné avec émotion Manon Desrosiers.
Un fidèle serviteur
« Redonner le goût de vivre à quelqu’un, ça n’a pas de prix », a-t-il déjà dit pour expliquer son inébranlable implication. En parallèle, Roger Lussier a toujours été « fidèlement dévoué » à faire connaître la parole de Dieu, a-t-on souligné pendant les funérailles. Il allait souvent à la rencontre des gens afin de créer des liens et ses paroissiens reconnaissaient en lui un homme au grand cœur. Avec Roger Lussier se tourne également une page d’histoire maskoutaine, puisqu’il s’agissait du dernier curé dominicain qui exerçait encore chez nous.
« Merci Dieu de nous avoir donné un apôtre de la trempe de Roger Lussier », a conclut Mgr François Lapierre, peu avant que le cercueil ne quitte l’église sous les applaudissements nourris de l’assistance.