L’évêque du Diocèse de Saint-Hyacinthe, Mgr François Lapierre, a remis sa démission au pape François. Ne cherchez pas de scandale derrière cela, il n’y en a pas. C’est la procédure pour délaisser une charge épiscopale selon le code de Droit canonique.
Même qu’en principe, Mgr Lapierre aurait été éligible à la retraite l’été dernier, au moment de célébrer ses 75 ans l’âge de la retraite obligatoire des évêques. Il avait cependant accepté de prolonger son mandat le temps qu’on lui trouve un remplaçant, en l’occurrence le père Christian Rodembourg.
Puisque son successeur est connu, Mgr Lapierre pourra maintenant souffler un peu, au terme d’une florissante vie religieuse de 51 ans. Et après quelque 19 années passées à la tête du diocèse de Saint-Hyacinthe en tant qu’évêque.
Mine de rien son épiscopat aura été aussi long que celui de son prédécesseur, Mgr Louis Langevin, qu’il avait remplacé en 1998. Même s’il est un peu tôt pour tracer le bilan de son passage chez nous, tous seront d’accord pour dire que Mgr Lapierre a été un évêque spirituellement engagé et totalement dévoué envers l’Église et l’Évangile.
Il a également su tisser des liens et des ponts solides avec les communautés culturelles et les immigrants qui se sont multipliés à travers le diocèse depuis 20 ans. Son écoute, ses prières et ses réflexions manqueront à plusieurs.
Mais sa ferveur était peut-être moins vibrante quand il était question de dossiers plus terre à terre diront certains. Il faut cependant noter que le poste d’évêque n’est pas une sinécure, loin de là, considérant les défis constants qui confrontent l’Église catholique. Là aussi, comme dans la plupart des entreprises publiques et privées, il a fallu apprendre à faire plus avec moins et apprendre à gérer la décroissance.
Décroissance des revenus, décroissance de la pratique religieuse, décroissance de l’engagement, etc. Ces reculs se sont traduits par plusieurs bouleversements bien visibles et d’autres moins. L’an dernier, un reportage du journal Les 2 Rives à Sorel évoquait la fermeture ou la disparition de 23 églises et chapelles en 20 ans à travers le diocèse de Saint-Hyacinthe qui en comptait encore malgré tout 90 dans 81 paroisses.
Les dernières années n’ont donc pas été de tout repos pour Mgr Lapierre. Seulement localement, il a dû apprendre à composer avec L’Œuvre Antoine-Girouard,le bras financier de la Corporation du Séminaire de Saint-Hyacinthe, et son entente d’exclusivité avec le Groupe Robin concernant l’achat de terrains. Même s’il a tenté de la faire modifier, il s’est vite aperçu qu’elle était à l’image des voies du Seigneur, impénétrable.
On a aussi déploré une certaine passivité lors de la fermeture du Collège Antoine-Girouard en 2013, puis plus récemment avec la vente, puis la démolition annoncée de l’église Sacré-Cœur. Mais somme toute, l’épiscopat de Mgr François Lapierre aura été à l’image de l’homme, bienveillant.