7 Décembre 2023 - 03:00
Procès de l’ancien enseignant Gilles Robineau
Les avocats remettent en cause la crédibilité des témoins dans leurs plaidoiries
Par: Adaée Beaulieu
À la suite des plaidoiries des avocats, qui se sont déroulées le 29 novembre, le juge Christian Jarry annoncera le 19 février si l’ancien enseignant d’éducation physique à Saint-Thomas-d’Aquin Gilles Robineau est coupable de crimes sexuels. Photothèque | Le Courrier ©

À la suite des plaidoiries des avocats, qui se sont déroulées le 29 novembre, le juge Christian Jarry annoncera le 19 février si l’ancien enseignant d’éducation physique à Saint-Thomas-d’Aquin Gilles Robineau est coupable de crimes sexuels. Photothèque | Le Courrier ©

La dernière étape du procès pour crimes sexuels de Gilles Robineau, cet ancien enseignant d’éducation physique des écoles de Saint-Thomas-d’Aquin, s’est déroulée le 29 novembre avec les plaidoiries des avocats. Le juge Christian Jarry rendra son verdict le 19 février. Tout repose sur la crédibilité des témoignages de part et d’autre.

C’est l’avocate de la défense, Me Brigitte Martin, qui a d’abord pris la parole pour remettre en doute les témoignages des neuf victimes alléguées. Rappelons qu’il s’agit d’anciennes élèves, mineures au moment où les gestes auraient été posés, soit entre 1976 et 1981. Elles ont témoigné contre l’homme de 72 ans en septembre. La première victime a dénoncé Robineau dans la foulée du mouvement #moiaussi. C’est son témoignage qui a mené à l’arrestation de Gilles Robineau en novembre 2018.

Me Martin a repris chacun des témoignages et les a discrédités en remettant en doute leur crédibilité. Plus précisément, elle a qualifié les propos de la première victime de « témoignage en évolution avec certaines exagérations » et a affirmé que « sa crédibilité a été grandement ébranlée ». Pour la seconde victime, elle a affirmé qu’elle avait « une mémoire défaillante et que la cour ne pouvait accorder de fiabilité à son témoignage ».

Selon elle, plusieurs histoires manquaient de mise en contexte, notamment sur l’endroit où les faits reprochés se seraient produits, le moment de la journée et les personnes présentes. Les âges ou les années scolaires n’étaient pas non plus toujours précis. L’avocate de la défense a aussi soutenu que les « ajouts » au fil du temps dans des témoignages devaient susciter la méfiance.

L’avocate de la défense a également remis en doute le caractère sexuel des gestes que l’accusé aurait posés par nécessité dans le cadre de démonstrations d’exercices. Elle a aussi tenu à remettre en contexte le fait que M. Robineau se rendait dans les vestiaires pour faire de la discipline. « Si on pense à l’époque, nous pouvons imaginer que c’était quelque chose qui se faisait de façon naturelle », a-t-elle soutenu.

Pour sa part, la procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Morin, a tenté de démontrer, à l’aide de la jurisprudence, que les enfants n’ont pas une bonne capacité à mémoriser et à décrire des lieux ni à parler en matière d’années scolaires. « Ce n’est pas parce qu’on ne se souvient pas d’un cadeau de Noël qu’il n’y a pas eu de Noël », a-t-elle imagé.

Elle a aussi invité, de prime abord, le juge à analyser les témoignages en un seul bloc plutôt que de façon individuelle. « Il faut prendre la version de l’accusé à la lumière de l’ensemble de la preuve pour voir si elle est crédible », a-t-elle soutenu. Selon elle, avec une vue d’ensemble, tous les faits allégués concordent.

La procureure a aussi expliqué pourquoi elle désirait que la preuve des faits similaires soit admise même si elle ne croit pas que le verdict de culpabilité en dépend. Celle-ci a pour but de démontrer la similitude et l’aspect répétitif des gestes qui auraient été posés. « Il s’agissait de gestes rapides et opportunistes », a clamé Me Morin. Elle faisait notamment allusion à des attouchements posés devant toute une classe comme si de rien n’était lors de démonstrations d’exercices.

Me Morin a également passé un long moment à déplorer l’attitude de Gilles Robineau en contre-interrogatoire et a soutenu que celle-ci avait mis à mal sa crédibilité. « Il y a eu un changement d’attitude entre l’interrogatoire et le contre- interrogatoire parce qu’il savait que sa crédibilité serait testée », a-t-elle déclaré.

Elle a souligné à de nombreuses reprises que M. Robineau s’était braqué en niant des faits, même parfois des évidences, comme lorsqu’on lui a demandé s’il avait remarqué que certaines fillettes avaient des seins.

La procureure de la Couronne a aussi remarqué que l’accusé s’attardait beaucoup sur des éléments non essentiels de sorte à « noyer le poisson dans l’eau ». À l’inverse, il semblait aussi parfois ne pas connaître des choses toutes simples ou relatives à son ancien métier, comme l’exercice du pont.

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