19 novembre 2015 - 00:00
Les cadeaux de Noël
Par: Le Courrier

Déjà! Pour beaucoup d’entre nous, c’est un réel cauchemar. Et pourtant tout le monde a à coeur de prouver son amour aux êtres chers. Mais trop souvent, comme on ne veut pas passer pour « cheap » les êtres chers deviennent encore plus chers durant le temps des Fêtes.

C’est normal, encore cette année nous serons inondés de publicité pour un tas de choses dont on n’a aucun besoin, mais qui entretiennent nos désirs et nous font croire que la vie c’est consommer de plus en plus pour être à la fine pointe de la mode et de la nouveauté.

Et si tout à coup, chacun de nous décidait d’offrir seulement ce qui est le plus précieux et le plus rare, c’est-à-dire, du temps. Du temps pour s’amuser ­ensemble, du temps pour cuisiner ­ensemble, du temps pour communiquer directement au lieu d’être fixé sur le ­téléphone cellulaire. Du temps pour ­fabriquer un objet ou une oeuvre d’art personnalisée, aussi simple qu’une tarte aux pommes ou tout autre objet artisanal qui exprime un talent.

Utopie! Regardons plutôt la réalité en face. Au début, avec tout ce temps béni, tout le monde serait plus heureux : enfin du temps pour prendre le temps et le ­regarder passer au lieu de subir cette course folle aux spéciaux pour des ­gadgets qui seront obsolescents à très court terme.

Mais implacablement, ce bonheur ­innocent serait de bien courte durée, ­enchaînés que nous sommes au fonctionnement de notre système économique qui survit grâce à la croissance perpétuelle de la masse monétaire par le crédit. Car, c’est bien connu, le temps des Fêtes est une période record pour augmenter l’endettement des ménages en général. Trop souvent, on dépense de l’argent qu’on aura peut-être plus tard et pendant ce temps les affaires des commerces vont bon train en prévision de la baisse qui ­arrivera quand, de la dinde de Noël, il ne restera plus qu’un maigre bouillon. Si nous avions la sagesse innocente de ­stopper toute dépense non essentielle durant les Fêtes pour s’adonner seulement à des joies simples et conviviales (en n’excluant pas quand même quelques gâteries à table) et bien si cela devait se produire, ce serait une catastrophe ­nationale. Le produit intérieur brut déclinerait, des entreprises feraient faillite, ­l’économie serait en décroissance et des centaines de personnes perdraient leur emploi. Alors nous devons nourrir ce ­système qui pour se maintenir nous pousse à consommer toujours plus, qui siphonne les ressources de la Terre, oblige les gens à travailler plus, incite les villes à toujours grossir en grugeant les espaces naturels au nom de la nécessaire croissance économique.

Mais si tout comme moi, vous avez ­choisi de laisser de côté les gadgets pour vos cadeaux de Noël et que la tarte aux pommes, ce n’est pas votre tasse de thé, j’ai une autre suggestion… Les billets pour un spectacle d’humour sont de belles échappatoires à l’absurdité de la course folle du temps des Fêtes. Car devant l’absurdité, vaut mieux rire que pleurer. Joyeux Noël!

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