Après avoir fait ses devoirs et bien analysé la suggestion commune qui lui avait été faite pas plus tard que l’an dernier par la députée Chantal Soucy et la Ville de Saint-Hyacinthe, le ministère des Transports (MTQ) a décidé d’écarter définitivement l’idée d’y interdire la circulation lourde entre la route 116 et l’autoroute 20 pour forcer les camionneurs à emprunter la 116 pour rejoindre la 20.
En deux mots, le MTQ maintient le statu quo, jugeant qu’il s’agit de la moins pire des solutions par rapport à l’alternative proposée. Cette dernière n’aurait, au mieux, que déplacé le problème, voire multiplié les problèmes dans la mesure où les transporteurs frustrés, en provenance de Saint-Dominique ou de Saint-Pie, auraient pu décider d’utiliser le centre-ville de Saint-Hyacinthe ou le pont de Douville pour rejoindre la Rive-Sud de Montréal. Une menace bien réelle.
Le dernier mot appartient donc au MTQ, à la grande joie des entreprises de transport de la région maskoutaine qui ne voulaient rien savoir du détour imposé par la 116. Dans au moins un cas, le représentant de l’une d’elles ne s’est pas gêné pour le faire savoir au politique, selon ce que nous avons pu comprendre.
« Les carottes sont cuites, mais je ne suis pas surpris. Le lobby du transport lourd est puissant », a lancé avec dépit l’expérimenté conseiller du quartier Sainte- Rosalie, Donald Côté, comme rapporté dans notre édition du 19 septembre.
M. Côté n’a jamais si bien dit. Les carottes sont cuites, cuites, cuites, pour ne pas dire brûlées ben raide. La députée Chantal Soucy s’est elle-même rendue aux arguments des fonctionnaires du ministère des Transports et des transporteurs par la même occasion. C’est dire à quel point la démonstration du premier et les protestations des seconds ont été convaincantes. Fin du débat? Oui en ce qui concerne la circulation des poids lourds, non en ce qui concerne les mesures qui peuvent encore être mises en place pour tenter d’ atténuer les inconvénients.
Au mieux, le ministère des Transports proposera à la Ville de Saint-Hyacinthe et aux résidents éprouvés par le bruit, les vibrations et le danger inhérent à la circulation lourde et soutenue sur ce tronçon quelques améliorations, sortes d’accommodement pouvant être raisonnables. Dans l’étude produite par le MTQ et qui justifie le statu quo, il est entre autres question de déplacer des traverses de piéton et de supprimer ou de modifier la piste cyclable actuelle.
Le tout ferait encore l’objet de discussions entre le MTQ et la Ville, dit-on. Mais on retiendra qu’une fois encore, les résidents de la rue des Seigneurs Est n’ont pas vraiment droit au chapitre, sinon par personne interposée, lire Donald Côté.
Du côté du MTQ, on justifie le fait d’avoir tenu les citoyens à l’écart du processus décisionnel en disant que leurs positions et leurs attentes sont connues depuis longtemps. Ouin, on a vu plus démocratique comme démarche. Considérant qu’on leur enfonce le statu quo dans la gorge, il n’aurait pas été superflu de considérer leurs points de vue face aux changements proposés. Surtout que certaines solutions à l’étude pourraient être plus néfastes que d’autres.
En souhaitant améliorer la sécurité et la fluidité à travers le noyau villageois, le danger est de rendre ce tronçon encore plus invitant pour les camionneurs. Ce résultat serait assez contre-productif, surtout après une bonne douzaine d’années de tergiversations inutiles.Score final et sans appel : camionneurs 1, citoyens 0.