8 février 2024 - 03:00
Les chambres de commerce veulent se faire voir et entendre sur tous les fronts
Par: Martin Bourassa
Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, et Vincent Lainesse, président de la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe, ont discuté des enjeux régionaux de l’heure lors de leur récent passage au Courrier de Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, et Vincent Lainesse, président de la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe, ont discuté des enjeux régionaux de l’heure lors de leur récent passage au Courrier de Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

De passage à Saint-Hyacinthe pour participer au cocktail de la chambre de commerce locale, le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, a fait un arrêt au Courrier de Saint-Hyacinthe pour échanger sur le rôle et les préoccupations de cet organisme et de ses quelque 123 satellites.

Quand on lui demande quelle est la pertinence pour un entrepreneur ou un professionnel de joindre les rangs d’une chambre de commerce en 2024 quand le réseautage à grande échelle peut se faire par l’entremise des réseaux sociaux, il répond que, justement, le besoin de tisser des liens en présentiel, d’échanger et d’avoir des contacts concrets sur le terrain est plus recherché que jamais.

La fréquentation et la participation élevées aux activités de réseautage, aux formations, aux réunions et aux conférences de toutes sortes organisées par les chambres de commerce sont là pour en témoigner, dit-il. « Nous répondons à un besoin et nous sommes une voix forte, puissante, respectée et crédible pour faire entendre les préoccupations des gens d’affaires au niveau politique », répond M. Milliard.

Confronté à l’idée que certaines chambres de commerce régionales préfèrent se concentrer sur l’événementiel – avec les dîners-conférences, l’organisation de galas ou la présentation de formations à l’intention de leurs membres – plutôt que sur la revendication et la défense des intérêts de leurs membres, Charles Milliard a indiqué qu’il souhaitait pour sa part que les chambres de commerce soient actives sur tous les plans.

Pour des raisons de moyens, d’effectifs ou de stratégie, il mentionne que des chambres peuvent hésiter à prendre position sur des enjeux locaux et sensibles ou qu’elles préfèrent laisser à la Fédération le soin de faire de la politique de revendication.

Les chambres sont par ailleurs invitées à relayer, à régionaliser et à s’approprier les communications de la Fédération et plusieurs le font, constate-t-il. La Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe en serait un bon exemple.

Questionné par LE COURRIER, le président de la chambre de commerce locale, Vincent Lainesse, a reconnu que son organisme pouvait parfois paraître hésitant à prendre position sur des enjeux. Il cite par exemple le déménagement de la succursale bancaire de la CIBC du centre-ville de Saint-Hyacinthe pour un site près de l’autoroute 20.

« Nous ne sentions pas l’intérêt de nous prononcer sur un changement de rue au fond, mais dans le cas de la SAQ, une société d’État, nous nous serions manifestés. Cela dit, même si nous n’intervenons pas toujours sur la place publique, nous ne nous gênons pas pour faire de la représentation directe lorsque cela est nécessaire. Nous avons le loisir de le faire, car notre financement est autonome. La contribution de la Ville représente peut-être 2 % de notre financement, nous n’avons les mains liées d’aucune façon », mentionne celui qui préside la chambre maskoutaine depuis trois ans.

La Fédération des chambres de commerce du Québec se sent pour sa part parfaitement à l’aise de se prononcer sur tous les dossiers économiques, particulièrement ceux qui affectent le développement économique régional. La journée même de cette entrevue, Desjardins annonçait sa décision de fermer 30 % de ses centres de services d’ici trois ans au Québec, une opération qui a déjà fait disparaître quatre guichets automatiques dans le réseau de la Caisse Desjardins de la Région de Saint-Hyacinthe.

« Ça va crier partout et cela ne sera pas facile à défendre pour Desjardins », anticipe M. Milliard. Cette décision va provoquer des trous dans les centres-villes. Nous ne sommes pas gênés de dire que cela nous inquiète et nous préoccupe grandement, même si le Mouvement Desjardins est l’un de nos grands partenaires. »

Innovation et crise des médias

Parmi les autres dossiers régionaux qui préoccupent la FCCQ en ce début d’année 2024, il y a l’approbation des zones d’innovation. M. Milliard note que plusieurs régions, dont Saint-Hyacinthe, attendent impatiemment leur reconnaissance officielle de la part du gouvernement. Il souhaite donc que les confirmations s’accélèrent, tout comme Vincent Lainesse, bien au fait du travail qui a été effectué dans ce dossier stratégique.

La crise des médias régionaux figure aussi sur le tableau de bord de la FCCQ. « Nous avons des yeux et des oreilles dans toutes les régions et c’est un dossier qui fait beaucoup jaser. Nous avons besoin de médias en santé », lance Charles Milliard.

La Fédération demande donc au gouvernement Legault de redoubler d’ardeur pour épauler les médias. « La couverture médiatique des enjeux locaux et, ultimement, notre capacité à les faire parvenir jusqu’aux oreilles de nos élus en dépendent. »

Soulignons que la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu ainsi que la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe seront les hôtes de la prochaine Grande rencontre et du Gala des chambres de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Ces rassemblements se dérouleront les 13 et 14 mai au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe.

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