Le Centre fait partie des 32 services d’archives privés agréés, sur 39 au total, qui pourraient maintenant perdre leur subvention au fonctionnement, révélait le quotidien Le Devoir dans son édition du 18 janvier.
Le directeur général du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Luc Cordeau, confirme que la menace est bien réelle. « Ça fait un bon bout de temps qu’on voit venir ça. Il y a six ou sept ans, un comité avait été mis sur pied par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) pour étudier les programmes d’agrément et de soutien financier aux services d’archives privés. Maintenant, on sait qu’ils veulent ramener ça de 32 à 25 services subventionnés », explique-t-il.
Pour le Centre d’histoire, c’est une contribution annuelle de 29 700 $ qui est en jeu, soit le montant que BAnQ lui verse en subvention depuis longtemps. « C’est cette enveloppe-là qui sera réduite. Avant 2000, ça augmentait toujours un peu, c’était même allé jusqu’ à 35 000 $, mais depuis, c’est toujours la même chose, c’est 5000 $ de moins qu’en 2000 ».
Dans le cadre de la réforme annoncée, tous les services d’archives agréés devront procéder à une nouvelle demande d’agrément, de sorte qu’aucun d’entre eux n’est vraiment assuré de demeurer parmi les centres subventionnés, ou de conserver la même enveloppe qu’avant. Les plus chanceux devront, par la suite, subir une réévaluation de leur dossier tous les deux ans, sans jamais être assurés de conserver leur subvention. Jusqu’ici, souligne Luc Cordeau, les services d’archives étaient tenus de présenter un rapport des leurs activités à BAnQ tous les trois ans, mais sans vivre dans la crainte de perdre le soutien financier de l’État. « Le problème, ce n’est pas BAnQ, c’est le ministère de la Culture qui fait des coupes à BAnQ. »
Il estime que le Ministère agit comme s’il voulait déshabiller Pierre pour habiller Paul, lui qui vient d’augmenter substantiellement l’enveloppe du Conseil des arts et des lettres consacrée au soutien des organismes culturels; il y a injecté 7,9 M$ de plus en 2017, sur 83,9 M$ au total pour l’exercice 2017-2018. « De son côté, BAnQ se fait couper, peut-être parce que ce service ne fait pas de bruit et qu’il n’est pas sous les projecteurs », soupire Luc Cordeau.
À plusieurs reprises, le Regroupement des services d’archives privées agréés a écrit à Luc Fortin, l’ex-ministre de la Culture et des Communications, pour le supplier de ne pas sabrer le budget de BAnQ. « Afin de répondre aux conditions difficiles de l’austérité budgétaire, BAnQ s’est vue dans l’obligation d’apporter des modifications à ses politiques d’agrément des services d’archives, lesquelles, appliquées à partir de 2018, auront des répercussions malheureuses pour plusieurs centres régionaux d’archives », plaidait la présidente du Regroupement, Johanne Rochon (Société d’histoire de la Haute-Yamaska, Granby), dans sa lettre au ministre datée du 21 août 2017. Selon les informations obtenues par l’organisme, le gouvernement consacre moins de 900 000 $ annuellement au soutien des partenaires de BAnQ, de sorte que les 32 services agréés subventionnés recevaient jusqu’ici entre 24 276 $ et 34 384 $ chacun, soit 30 393 $ en moyenne.
Luc Cordeau affirme que si, par malheur, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe devait perdre 30 000 $ sur un budget total de 150 000 $ – dont 50 000 $ versés par la Ville et 51 000 $ par le Séminaire de Saint-Hyacinthe, où il loge -, les répercussions sur ses services seraient immédiates. « Il faudra mettre quelqu’un dehors, c’est certain », soutient-il, en parlant de sa petite équipe de quatre employés, dont deux permanents.
Les compressions menacent le Centre d’histoire
Les compressions menacent le Centre d’histoire
Pour le Centre d’histoire, une contribution annuelle de 29 700 $ est en jeu. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Luc Cordeau, directeur général du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
Partenaire des Archives nationales du Québec en tant que service de conservation et de diffusion du patrimoine archivistique privé, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe risque de subir les conséquences d’une révision des règles du financement gouvernemental en ce domaine.