2 avril 2020 - 13:46
Violence conjugale
Les demandes d’hébergement affluent
Par: Benoit Lapierre
Les situations de violence conjugale sont propices en ces temps de confinement. La maison d’hébergement pour femmes La Clé sur la porte reçoit déjà un nombre plus élevé de demandes d’aide. Photo EZ fotos

Les situations de violence conjugale sont propices en ces temps de confinement. La maison d’hébergement pour femmes La Clé sur la porte reçoit déjà un nombre plus élevé de demandes d’aide. Photo EZ fotos

Au gré des bouleversements qu’elle ne cesse de provoquer dans la vie de tous les jours, la pandémie de COVID-19 a tôt fait d’aggraver la situation au sein de couples aux relations tendues, où la femme risquait déjà de subir les foudres de son conjoint instable.

Inévitablement, la situation se répercute sur les ressources qui viennent en aide aux femmes en danger. C’est ainsi que le nombre d’appels de détresse logés à la maison d’hébergement La Clé sur la porte, de Saint-Hyacinthe, par des femmes victimes de violence conjugale a littéralement explosé au cours des derniers jours, confirme Valérie Grégoire, la coordonnatrice de la maison.

« Depuis le début, nous recevons beaucoup de demandes d’hébergement. Habituellement, c’est environ un appel par jour, parfois aucun, mais maintenant, c’est quatre ou cinq appels tous les jours pour des demandes d’hébergement diverses. C’est quelque chose! », a-t-elle confié au COURRIER.

Ces demandes, explique-t-elle, peuvent provenir de la victime elle-même, de membres de sa famille ou encore de la Direction de la protection de la Jeunesse (DPJ) lorsque celle-ci conclut que la mère doit quitter le foyer avec ses enfants.

Pour Mme Grégoire et son équipe, la crise sanitaire crée des situations qui ne sont pas faciles à gérer, d’abord parce que le nombre de places disponibles au centre d’hébergement n’est pas illimité. « Disons que nous sommes plus strictes dans nos questions. Nous informons aussi les gens qu’ici, les règles sont assez sévères. Il y a un confinement obligatoire de quatre à 14 jours à l’arrivée, selon si la personne est à risque ou pas. On essaie de voir s’il n’y a pas d’autres solutions, comme un hébergement chez des membres de la famille ou chez des amis de la famille. »

En forçant les gens à quitter leur travail et à s’isoler à la maison pour une période indéterminée, le coronavirus a créé des situations explosives dans certains foyers, explique Valérie Grégoire. « L’isolement, c’est dangereux. Quand les gens travaillent, ils peuvent sortir, voir d’autres personnes, trouver de l’aide, mais là, il n’y a plus de possibilité de sortir. Comment va-t-on faire pour sécuriser ces femmes-là? On essaie de trouver des solutions. Mais notre message, c’est : peu importe les circonstances, que les femmes nous appellent si elles sont inquiètes, qu’elles appellent les policiers aussi. Elles n’ont pas à se gêner : qu’elles nous appellent si elles ont des inquiétudes, pour elles et leur famille aussi, si elles pensent que des gens proches d’elles peuvent être en danger. »

Mme Grégoire souligne qu’à la fin de la première semaine de crise, La Clé sur la porte s’est subitement retrouvée avec la moitié en moins de ses effectifs en raison de la maladie. Heureusement, ce n’était pas le coronavirus, mais des maux saisonniers qui ont quand même créé des inquiétudes. « C’est en train de revenir à la normale, et nous n’avons pas encore eu de cas de coronavirus ici. Mais pourrions-nous être testés plus rapidement qu’on peut l’être présentement? C’est notre demande au gouvernement, et il nous a répondu qu’il travaille là-dessus. »

Si vous avez besoin d’aide, vous pouvez joindre La Clé sur la porte en tout temps au 450 774-1843.

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