14 décembre 2023 - 03:00
Les étudiants du Cégep de Saint-Hyacinthe en ont ras le bol des stages non rémunérés
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Laurence Mallette-Léonard, Antoine Lamoureux
et Eve-Marie Unvoy ont rappelé que l’urgence se
faisait sentir sur les campus et qu’il est temps
d’agir pour que les stages soient rémunérés.
Photo François Larivière | Le Courrier ©

Laurence Mallette-Léonard, Antoine Lamoureux et Eve-Marie Unvoy ont rappelé que l’urgence se faisait sentir sur les campus et qu’il est temps d’agir pour que les stages soient rémunérés. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et le Regroupement des étudiants et étudiantes du Cégep de Saint- Hyacinthe (RÉÉCSH) ont décidé d’unir leurs voix pour dénoncer la non-rémunération des stages étudiants, particulièrement en santé et en éducation.

Cette mobilisation étudiante commune insiste sur la nécessité d’aborder cette question pour faire entendre la voix de nombreux étudiants qui se retrouvent devant un dilemme important. Ces derniers sont pris entre l’endettement ou l’abandon de leurs études puisqu’ils ne peuvent pas travailler pour subvenir à leurs besoins tout en effectuant leurs stages pouvant aller jusqu’à 40 heures par semaine et qui sont nécessaires à leur diplomation.

Lors d’une conférence de presse tenue le 29 novembre, Antoine Lamoureux, coordonnateur aux affaires externes du RÉÉCSH, a indiqué que cette initiative s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale « Au front pour la rémunération ». Cette lutte pour la rémunération des stages rassemble plus de 250 000 étudiantes et étudiants de niveau collégial et universitaire à travers le Québec.

« C’est un enjeu qui nous tient à coeur. Les étudiants nous font part de la situation précaire dont ils souffrent au quotidien. Pour nous, cela va de soi, si tu travailles, tu dois être rémunéré. Je pense que le premier ministre, François Legault, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, ont du pain sur la planche, et la non-rémunération des stages est un sujet primordial auquel ils doivent s’attaquer. C’est devenu plus qu’une nécessité », a-t-il fait savoir.

Il ajoute qu’on avait promis aux stagiaires d’avoir de meilleures conditions dans le domaine public. « Est-ce ça, Mme Déry, l’avenir florissant que vous nous aviez promis? Des stagiaires qui font du 40 h par semaine sans toucher le moindre sou? Des stagiaires qui brûlent la chandelle par les deux bouts? », questionne Antoine Lamoureux.

Au Cégep de Saint-Hyacinthe, de nombreux étudiants en programmes techniques font des stages obligatoires et ne sont pas rémunérés et cela touche les soins infirmiers, l’éducation à l’enfance et les soins préhospitaliers d’urgence. Il arrive alors que, lors de ces stages, les tâches assignées aux étudiantes et aux étudiants sont souvent identiques à celles effectuées par des personnes professionnelles.

« Le plus absurde, c’est que ce sont souvent les mêmes domaines qui sont touchés gravement par la pénurie de main-d’oeuvre qui attendent toujours d’avoir des stages rémunérés. En santé et en services sociaux, on a louangé nos anges gardiens durant la pandémie, mais on oublie que nos futurs professionnels de la santé sont toujours obligés de se résoudre à du travail gratuit pour obtenir leur diplôme », a souligné Laurence Mallette-Léonard, présidente de la FECQ.

Eve-Marie Unvoy est stagiaire en soins infirmiers au Cégep de Saint-Hyacinthe. Elle n’a pas hésité à témoigner de ce qu’elle endure quotidiennement en conjuguant stage et travail, une situation complexe à laquelle elle est obligée de s’adapter. « Après avoir fait 30 h à 40 h de stage, je dois aller travailler la fin de semaine afin de subvenir à mes besoins. Tout ce temps que je prends pour aller travailler, puisque mes stages ne sont pas rémunérés, est du temps que je pourrais utiliser pour étudier et performer dans mes cours. »

Antoine Lamoureux et Laurence Mallette-Léonard ont rappelé que l’inflation et la hausse du coût de la vie touchent en particulier les stagiaires et qu’il est désormais inconcevable que les étudiants fassent leurs stages sans qu’ils soient rémunérés.

Selon les regroupements étudiants, la situation est encore plus évidente dans les programmes où la composition féminine est plus présente.

Rappelons qu’en plus de cette conférence de presse, d’autres actions ont été entreprises comme la publication d’une lettre ouverte signée par des organismes représentant plus de 430 000 membres, la tenue de manifestations ayant rassemblé des milliers de personnes et différents points de presse régionaux sur le sujet.

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