16 novembre 2017 - 00:00
Biométhanisation
Les feuilles mortes
Par: Martin Bourassa

Maintenant que les élections municipales sont derrière nous, permettez que je revienne un instant sur une nouvelle qui a attiré mon attention récemment.


J’ai été particulièrement embarrassé, pour ne pas dire scandalisé, d’apprendre à la une de ce journal que la Ville de Saint-Hyacinthe expédiait cet automne nos feuilles mortes dans un centre de compostage situé en Estrie. Pas vous?
Il est question d’une dépense d’environ 100 000 $, qui pourrait revenir chaque année, pour que le contenu des bacs bruns des MRC d’Acton et des Maskoutains soit transporté et traité à 170 km d’ici, en octobre et novembre. Quand on pense que Saint-Hyacinthe et les gouvernements du Québec et du Canada ont investi près de 85 M$ pour doter notre ville d’une usine de biométhanisation devant servir à traiter en priorité le contenu des bacs bruns, disons que c’est assez particulier. Ça fait dur en joual vert.
On se demande combien il aurait fallu investir de plus dans cette technologie pour arriver à nous débarrasser… de nos feuilles mortes! L’explication officielle des autorités laisse pantois. Il semblerait, et on peut le comprendre, que les feuilles mortes ont une valeur assez nulle quand vient le temps d’essayer d’en tirer du biométhane. Donc, les feuilles, ça ne vaut pas cinq cennes. C’est pour cela qu’on dépensera 100 000 $ par année pour s’en débarrasser. Même si l’apport énergétique est nul, ne pourrait-on pas se servir quand même des équipements en place pour brûler des feuilles mortes et ainsi éviter de faire rire de nous? Déjà qu’on interdisait aux gens de déposer dans leur bac brun des branches de plus d’un pouce de diamètre, de la terre et de la tourbe, c’est à se demander si on a fait le choix le plus sensé en privilégiant la biométhanisation au lieu du compostage.
Certes, l’option du biométhane semble la plus rentable à moyen et à long terme si on considère les revenus à tirer de la vente de gaz naturel, mais il faut se rappeler que ces profits seront générés bien davantage par le traitement des intrants provenant des entreprises agroalimentaires privées du territoire que par ceux des bacs bruns.
Était-ce réellement à la Ville de Saint-Hyacinthe d’investir de l’argent public pour traiter les déchets du privé? La question semble plus que jamais d’actualité.
D’autant plus que notre usine de biométhanisation n’est toujours pas opérationnelle, même si son ouverture était attendue au printemps dernier. On attend encore que le ministère de l’Environnement daigne émettre un certificat d’autorisation. Plus le temps passe et plus ce délai apparaît suspect et complique la situation budgétaire de la Ville qui misait sur des revenus liés à la vente de gaz dans ses prévisions budgétaires 2017. Oubliez cela. À la place de la Ville, je m’efforcerais de trouver une alternative moins gênante pour m’occuper localement de nos feuilles mortes. On ne gagnera pas un prix avec la solution actuelle, sinon peut-être le prix Citron.

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