31 décembre 2020 - 00:35
Plan de gestion des débordements
Les grands moyens pour réduire les surverses
Par: Rémi Léonard
Le Plan de gestion des débordements de la Ville de Saint-Hyacinthe a été présenté en décembre par Charles Laliberté, directeur du Service du génie, ainsi que le maire Claude Corbeil lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le Plan de gestion des débordements de la Ville de Saint-Hyacinthe a été présenté en décembre par Charles Laliberté, directeur du Service du génie, ainsi que le maire Claude Corbeil lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

En complément de l’introduction présentée dans nos pages précédemment, voici un tour d’horizon plus détaillé du Plan de gestion des débordements dévoilé en décembre par la Ville de Saint-Hyacinthe.

Rappelons que cet outil de gestion mise essentiellement sur une réfection des principales infrastructures de traitement des eaux usées et sur la séparation des conduites d’égouts unitaires sur le territoire. Dans les deux cas, il s’agit d’interventions coûteuses, ce qui explique l’impressionnant total de 105 M$ en investissements planifiés pour les cinq prochaines années.

Deux objectifs sont visés d’ici 2025, le premier étant de ramener le nombre de débordements au niveau autorisé par le ministère de l’Environnement. Selon le rapport réalisé par la firme WSP dans le cadre de l’élaboration de ce plan, onze ouvrages de surverse ne sont pas conformes à Saint-Hyacinthe. Les données compilées couvrent la période de 2015 à 2017. Les exigences varient d’un ouvrage à l’autre, mais peuvent tourner pour la plupart autour d’une douzaine de déversements permis par année. Il s’agit cependant d’une compilation effectuée sur une base hebdomadaire. L’ensemble des débordements survenus durant une semaine ne compte ainsi que pour un seul débordement.

Même s’il est impossible pour la Ville de chiffrer la réduction attendue du nombre de déversements à la suite de la réalisation du plan, d’autant plus que la méthode pour comptabiliser les débordements a été affinée depuis, on peut tout de même espérer une réduction « d’un bon pourcentage », a indiqué le directeur du Service du génie de la Ville, Charles Laliberté.

Correctifs à apporter

Les investissements de 105 M$ correspondent à des « mesures correctives » devant ramener les déversements aux normes du Ministère. À voir la liste des projets planifiés (tableau), c’est l’essentiel du réseau d’assainissement municipal qui doit être revampé, y compris l’usine d’épuration elle-même. La mise aux normes qui sera entreprise prochainement au coût de 33,8 M$ constitue d’ailleurs la « mesure phare » du Plan de gestion des débordements, a souligné M. Laliberté. Cette réfection viendra notamment augmenter sa capacité de traitement de 30 %. Les deux principales stations de pompage, Pratte et Girouard, seront également remises aux normes, deux interventions qui, combinées, se chiffrent à 11,9 M$.

La logique est la suivante. Les déversements surviennent lorsque les réseaux d’égouts locaux sont surchargés, par exemple lors de fortes averses. Le trop-plein se retrouve ainsi à la rivière sans être traité. Si l’usine d’épuration a la capacité de traiter une plus grande quantité d’eau et que les stations de pompage sont en mesure d’en acheminer davantage, les conduites seront logiquement « soulagées plus rapidement », ce qui aura pour effet de créer moins de déversements, a exposé M. Laliberté durant la présentation.

Une fois les infrastructures principales mises à niveau, on constate que la Ville planche ensuite sur la séparation des conduites d’égouts unitaires. Héritage d’un réseau vieillissant, Saint-Hyacinthe compte encore 101 kilomètres de telles conduites. En combinant les eaux sanitaires et pluviales, ce système contribue à générer d’immense quantité d’eau à traiter, tellement que le système ne parvient pas à fournir à certaines occasions, d’où les déversements décrits précédemment.

Puisqu’il faut carrément ouvrir les rues pour effectuer les travaux de séparation des égouts, on parle de projets coûteux et complexes qui ne se feront pas en quelques années. Habituellement, la Ville procède en intervenant sur au moins un tronçon de rue chaque année, un rythme qui se poursuivra d’après le plan présenté. Même qu’en 2025, deux interventions majeures de ce type sont prévues. L’année 2021 est aussi particulière puisqu’elle combine à la fois un projet de séparation des égouts (Concorde Sud) et la mise aux normes des trois infrastructures majeures d’assainissement (usine d’épuration et stations de pompage Pratte et Girouard).

Les opérations de séparation sont concentrées sur les conduites principales qui se trouvent près des points de surverses (l’avenue de la Concorde par exemple) pour se rendre éventuellement en périphérie du réseau, a expliqué Charles Laliberté. Les vieux quartiers sont évidemment là où l’on retrouve l’essentiel des conduites unitaires.

Absorber l’augmentation

Avec d’autres mesures dites « compensatoires », le second objectif du Plan de gestion des débordements consiste à faire en sorte que le développement de Saint-Hyacinthe ne mène pas à une nouvelle augmentation des surverses. Les projets consistent surtout en des augmentations de capacité à divers postes de pompage secondaires, en plus d’un autre projet de séparation des égouts. Les interventions totalisant 3 M$ sont planifiées à cinq endroits sur le territoire où une augmentation du débit est prévue, par exemple en raison du développement résidentiel projeté au Domaine sur le Vert ou dans le quartier Douville, notamment.

Ce n’est toutefois rien en comparaison au projet de la future usine d’Exceldor, qui est pris en compte dans le plan puisque son impact est déterminant pour le réseau de la Ville. À 4000 m3 d’eaux usées par jour, les besoins découlant de ce projet industriel représentent à eux seuls 58 % des nouveaux débits projetés pour les cinq prochaines années dans toute la ville. En équivalent de population, on parle d’une consommation équivalant à 11 430 habitants, selon l’étude de WSP. « Cet ajout aura un impact direct sur la capacité du poste Casavant et du poste Girouard situés en aval du réseau », indique-t-on dans le document.

Subventions nécessaires

Compte tenu des sommes importantes en jeu, la Ville précise clairement qu’elle mise « plus que jamais sur les programmes d’aide financière du gouvernement » pour atteindre ses objectifs. On ignore à quelle hauteur les interventions futures seront subventionnées, mais à titre d’exemple, dans le cas de la mise aux normes de l’usine d’épuration, la Ville a obtenu 25,2 M$, soit les trois quarts du financement total.

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