L’affaire Jean-Baptiste Beauregard (1859)

Le samedi 2 avril 1859, Anselme Charron, un riche commerçant de Saint-Charles, vient passer la journée à Saint-Hyacinthe. Le soir, il fait la tournée des auberges. Il s’enivre rapidement et, vers 22 h 30, on le voit quitter l’établissement du cabaretier Laflamme, accompagné d’un compagnon de beuverie, Jean-Baptiste Beauregard, un homme plutôt violent et pas très apprécié de ses concitoyens.

Les deux hommes s’engagent sur le pont Biron (l’actuel pont Barsalou). Un témoin, Joseph Lusignan, voit Beauregard frapper Charron à la tête, ignorant les supplications de sa victime qui crie « Tue-moi pas! » Beauregard jette ensuite le cadavre de Charron dans la rivière. À la suite du témoignage de Lusignan, on arrête Beauregard avant même d’avoir retrouvé le corps de la victime.

Le récent incendie du palais de justice de Saint-Hyacinthe fait en sorte que le procès se déroule à Montréal. Beauregard est vite reconnu coupable et le juge Thomas Cushing Aylwin condamne le malheureux à être pendu. La sentence est exécutée le vendredi 16 décembre 1859 devant la prison Au Pied-du-Courant. L’évêque de Saint-Hyacinthe, monseigneur Prince, a demandé la grâce de Beauregard au gouverneur général, Edmund Head, qui la lui refusa.

L’affaire Joseph Ruel (1868)

Joseph Ruel, un jeune veuf de L’Ange- Gardien, est l’homme engagé de Toussaint Boulet. Le 12 février 1868, Boulet, malade depuis l’automne, rend l’âme au petit matin. On accuse alors Ruel et Aurélie Boulet, la femme de la victime, de l’avoir empoisonné lentement à l’arsenic et à la strychnine depuis le mois d’octobre 1867 jusqu’à ce matin fatidique du mois de février.

Le procès, qui a lieu à Saint-Hyacinthe, fait énormément parler. Le couple est surnommé « Les Borgia de Saint-Hyacinthe ». La cause est entendue par le juge Louis-Victor Sicotte. Le procureur de la Couronne est l’avocat Magloire Lanctôt, tandis qu’Honoré Mercier, le futur premier ministre du Québec, prend la défense de Ruel. Ruel est déclaré coupable et condamné à être pendu par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive. Malgré tous les efforts d’Honoré Mercier pour obtenir un nouveau procès pour vices de procédure, Ruel est exécuté dans la cour de la prison le premier juillet 1868.

Il s’agit de la première pendaison ayant lieu à Saint-Hyacinthe. La foule immense venue assister au triste événement est évaluée à trois mille personnes. On dit que plus de la moitié de l’assistance était composée de personnes du sexe (des femmes), ce qui choque les observateurs. La mort de Ruel, l’unique témoin pouvant incriminer Aurélie Boulet, fait en sorte que la jeune femme est libérée sans procès.

L’affaire Magloire Blanchette (1876)

Le 3 septembre 1876, un incendie détruit les trois quarts de la ville. Le feu prend naissance dans une grange attenante à une maison louée par un sellier, Magloire Blanchette. Les affaires de Blanchette allaient mal depuis un certain temps. Plusieurs témoins rapportent qu’il souhaitait souvent à haute voix que le feu prenne dans ses affaires pour toucher l’argent des assurances.

Son jeune frère, Hugues, de même que deux anciens employés affirment également que Magloire leur a promis de l’argent et des vêtements neufs s’ils mettaient le feu à la grange. Il n’en faut pas plus pour accuser Blanchette d’incendiat. Il est reconnu coupable le 22 janvier 1877 et condamné à sept ans de pénitencier. Après sa sortie de prison, on perd sa trace.

À suivre…

Par Daniel Girouard et Martin Ostiguy, membres du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe