L’affaire Jean-Baptiste Guillemain (1897)
Le samedi 30 octobre 1897, en début de soirée, on trouve le corps sans vie de Johnny Laplante à quelques pas de sa maison à Saint-Liboire. Le coroner constate que le pauvre homme a été tué à coups de bâton. Peu après l’on retrouve l’arme du crime cachée derrière une grange.
Un neveu de Laplante, Jean-Baptiste Guillemain, habite chez lui depuis quelques semaines. Il retourne chez ses parents à Beddeford, dans le Maine, deux semaines après le crime. Là-bas, il se met à dépenser beaucoup d’argent, ce qui met la puce à l’oreille des autorités. Il est rapatrié à Saint-Hyacinthe où il est accusé du meurtre de son oncle.
Il tente d’abord de se défendre en affirmant qu’il a commis le crime à la demande de sa tante, l’épouse du défunt, mais il finit par avouer qu’il a agi seul. Son procès fait grand bruit. Il est condamné à mort par le juge Louis Tellier, mais sa peine est commuée en prison à vie. Il est relâché en 1914.
L’affaire Armand Boisseau (1922)
Cette affaire est probablement le plus grand scandale politique qu’ait connu Saint-Hyacinthe. En 1919, le jeune notaire Armand Boisseau, fils de bonne famille, se présente aux élections provinciales comme candidat libéral indépendant dans le but avoué de défaire le député Télesphore-Damien Bouchard, aussi maire de la Ville. Il y parvient, mais on se rend bientôt compte que Boisseau a dépensé 72 000 $ pour sa campagne électorale, une somme pharaonique à l’époque.
Une enquête démontre que cet argent a été acquis de façon frauduleuse par Boisseau. Il s’agissait de sommes que des clients lui avaient demandé de placer et qu’il avait détournées à ses propres fins. Au bout d’un procès retentissant, il est condamné à deux ans de prison qu’il purge au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.
Son père, bouleversé par ce déshonneur qui s’abat sur sa famille, déshérite Armand au profit de ses deux sœurs, Laura et Alice. Il meurt un an plus tard, probablement rongé par les répercussions du scandale.
Quant à Armand Boisseau, à sa sortie de prison, il s’en va vivre à Montréal où il travaille comme ajusteur-estimateur. Il décède à Montréal le 18 septembre 1962.
L’affaire Ray Cortland (1930)
Le 8 janvier 1930, Mark Ward, un fermier de Richelieu âgé de 72 ans, est tué par son homme engagé, Ray Cortland, de son vrai nom Osborne Royle. Cortland et Laura White, qui travaillait également pour Ward, se sauvent à Montréal où on les retrouve facilement.
Lors de leur interrogatoire, Cortland et White racontent tous deux qu’une vive discussion entre les deux hommes a dégénéré et que, durant la bagarre qui a suivi, Cortland a accidentellement tué son patron.
Le procès, très médiatisé, a lieu à Saint-Hyacinthe devant le juge Émile Marin. Parmi les témoins, on entend le docteur Wilfrid Derome, célèbre médecin légiste de Montréal. La victime ayant été frappée douze fois à l’aide d’un objet contondant, il remet en question le plaidoyer de légitime défense de l’accusé. Le 12 juillet, on rend un verdict de culpabilité. Cortland est condamné à mort.
La famille de l’accusé et ses avocats tentent de faire commuer sa peine en emprisonnement à vie sans y parvenir. Il est pendu le 17 octobre 1930 dans la cour de la prison. C’est la deuxième et dernière pendaison qui a lieu à Saint-Hyacinthe.
Par Daniel Girouard et Martin Ostiguy, membres du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe