19 juin 2025 - 03:00
Faculté de médecine vétérinaire
Les internes et les résidents votent à 95 % pour un mandat de grève
Par: Adaée Beaulieu
Une partie des membres du Syndicat des résidentes et résidents et internes de la Faculté de médecine vétérinaire qui ont voté pour un mandat de grève de 10 jours à 95 %. Photo gracieuseté
Une partie des membres du Syndicat des résidentes et résidents et internes de la Faculté de médecine vétérinaire qui ont voté pour un mandat de grève de 10 jours à 95 %. Photo gracieuseté
Les membres du Syndicat des résidentes et résidents et internes de la Faculté de médecine vétérinaire affilié à la CSN ont récemment voté à 95 % en faveur d’un mandat de grève de 10 jours afin d’obtenir un salaire et un horaire convenables. Il sera appliqué si les négociations continuent d’achopper.

Le Syndicat a rencontré l’employeur, l’Université de Montréal, le 18 juin, et le résultat de ces discussions est toujours attendu. « Nous espérons que l’employeur reviendra à la table avec une offre sérieuse puisque les propositions actuelles incluent notamment une baisse de salaire pour certains de nos membres résidents. Si aucun progrès significatif n’est constaté, nous ferons usage du mandat de grève fort obtenu en assemblée, et ce, rapidement. Nous croyons fermement que l’employeur doit reconnaître notre valeur et nous rémunérer à la hauteur de notre contribution essentielle. S’il refuse de le faire, il en constatera bientôt les conséquences », ont déclaré les membres du Syndicat la veille de la rencontre. Pour sa part, l’Université de Montréal n’a pas souhaité commenter le dossier, désirant laisser place aux négociations.

Le salaire comme cheval de bataille

Depuis 2017, année des dernières négociations qui s’étaient tenues par le biais d’une autre organisation syndicale, les internes et les résidents de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) gagnent un salaire forfaitaire fixé entre 25 000 $ et 30 000 $ par année. De ce montant, ils doivent déduire actuellement 6000 $ de frais de scolarité. Ils doivent aussi payer leur ordre. Le tarif est de 1700 $ pour les internes ainsi que les résidents en première année, puis de 1000 $ les années suivantes pour les résidents. En fait, l’internat ne dure qu’un an alors que la résidence s’échelonne sur trois à quatre ans. Les étudiants français doivent payer 7000 $ de frais de scolarité et il en coûte environ 20 000 $ aux autres étudiants étrangers.

Les syndiqués demandent donc que leur salaire soit établi à 44 000 $, soit environ le salaire viable, établi à 39 667 $ en 2023 pour une personne vivant seule à Saint-Hyacinthe, plus les frais de scolarité. Selon eux, ce rattrapage salarial est essentiel alors que les internes et les résidents en médecine humaine sont rémunérés davantage. Ils désirent également une rétroactivité pour la période écoulée depuis la syndicalisation, le 20 juin 2024. Les négociations concernent la rédaction d’une toute première convention collective.

« Nous savons que c’est une grosse demande, mais les salaires n’ont pas augmenté depuis 2017, alors que les frais de scolarité sont indexés chaque année », a affirmé une résidente, qui a préféré conserver l’anonymat. Elle a souligné qu’elle et ses collègues peinent à arriver financièrement même s’ils ont fait de cinq à sept ans d’études universitaires.

« Ils n’ont pas assez pour vivre dignement. Je suis sidérée que quelqu’un qui travaille pour l’une des plus grandes universités du Québec peine à se nourrir en 2025 », a renchéri Saleha Hedaraly, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FQEES-CSN). D’ailleurs, le Syndicat des professeures et professeurs de l’Université de Montréal a adopté une résolution en appui aux internes et aux résidents de la FMV.

Restreindre le nombre d’heures de travail

Les internes et les résidents ne peuvent pas non plus décrocher un second emploi, car ils travaillent en moyenne 60 heures par semaine sans compter les heures de garde. D’ailleurs, la limitation de la semaine de travail entre 50 et 60 heures est leur second cheval. Ils réclament également de ne pas travailler plus de 12 heures en ligne, excluant les heures de garde, et d’avoir 8 h de repos pour chaque période de 24 heures travaillées afin d’assurer la qualité du service au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV).

« Nous effectuons la plupart des soins tout en formant des étudiants, a souligné la résidente. Nous sommes à la merci des urgences, alors nous savons bien que nous ne pouvons pas faire du 8 h à 17 h, mais nous devons limiter nos heures de travail. »

Puisqu’ils poursuivent leurs études parallèlement, les internes réclament de pouvoir profiter de deux semaines par année en dehors de la clinique, et les résidents de huit semaines. « L’Université de Montréal profite de notre double rôle d’étudiants et d’employés », a déploré la résidente.

Elle a tenu à rappeler que les vétérinaires sont parmi les plus à risque de souffrir de problèmes de santé mentale et a soutenu que le stress financier peut être un facteur aggravant. Elle a mentionné que dans les dernières années, cinq résidents ont dû cesser leurs études en raison de leur détresse psychologique.

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