J’aime ce précieux moment de l’été où l’on réalise que les journées raccourcissent et qu’il faut profiter au maximum du soleil, absorber sa lumière comme des trous noirs dans l’espoir de repousser la nuit, rester dehors le plus tard possible, allonger chaque seconde, étirer chaque minute, distendre le fil du temps jusqu’à pouvoir en tresser un hamac où passer de longues heures à se prélasser.
Que les vacances durent trois semaines ou trois jours, il faut trouver le moyen de ne rien faire, aller nulle part sans but pour retrouver le précieux ennui perdu quelque part le long de notre vie à 100 km/h.
Éviter les autoroutes, aller lentement, s’arrêter aussi souvent que possible pour rien et surtout pas dans ces haltes routières grossières où on fait trop rapidement le plein de burger et d’essence entre des dinosaures pour aller vite ailleurs. Choisir ces petites haltes discrètes entre deux villages le long du fleuve, où il n’y a rien d’autre à faire que flâner, vagabonder, errer pour s’aérer. Là où il ne faut que le vide pour refaire le plein.
Pas de cartes ni d’écrans, pour notre mental; l’errance, c’est les vraies vacances. Le mode écran de veille de notre cerveau. Le moment où notre esprit se pose enfin les grandes questions existentielles : qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je et pour de quossé faire que c’est toujours du côté passager que l’essuie-glace fonctionne le mieux?
Ne répondre qu’aux deux premières questions, et encore, peut-être une seule, idéalement aucune et laisser faire le reste. Voilà le plus important pour profiter au maximum du temps, en faire le minimum. Jusqu’à ne presque plus bouger. S’immobiliser sans raison aux haltes sans hâte pour faire le plein des jours longs avant que ne revienne la froide saison.