À mon sens, les membres du parti politique Saint-Hyacinthe unie sont de parfaits maringouins sur la scène municipale et jouent bien leur rôle. On les trouve souvent aux séances publiques, parfois dans LE COURRIER. On les voit, on les entend et ils piquent à l’occasion par leurs questions ou en se plaignant du manque de transparence de l’administration municipale. Leurs critiques constructives font souvent mouche.
Peut-être trop au goût de certains conseillers et du maire André Beauregard. Celui-là ne semble pas tellement apprécier les maringouins. Nous en avons eu la parfaite illustration, lundi soir, lors de la séance publique du conseil. Une séance qui n’annonçait rien de bien palpitant jusqu’à ce que Marijo Demers, cheffe de Saint-Hyacinthe Unie, se pointe au micro pour poser quelques questions pertinentes sur les coûts et l’échéancier de la réfection de la promenade Gérard-Côté. Sur ce chantier aux allures de puits sans fond qui va coûter des dizaines de millions de dollars à terme, on ne sait quand.
Sa présence et ses questions étaient prévisibles, vu sa sortie la semaine précédente dans LE COURRIER sur le même sujet. En public, elle a d’ailleurs repris calmement l’essentiel de ses doléances bien légitimes. Et le maire a répondu au mieux de sa connaissance, avant de se permettre une légère (?) digression.
Il a profité de l’occasion pour questionner la leader de Saint-Hyacinthe unie sur les finances de son parti et l’usage qui est fait du financement qu’il reçoit à titre de parti politique municipal reconnu. Cette somme de 29 000 $ est entre autres calculée en fonction de sa bonne performance à l’élection de l’automne 2021. Rappelons d’ailleurs que le maire Beauregard a obtenu la victoire par une majorité de 235 petits votes sur Mme Demers.
J’ignore quelle était l’intention du maire en questionnant ainsi sa rivale et en l’invitant à faire preuve de transparence. Cherchait-il à la déstabiliser et à l’embarrasser devant les caméras? Voulait-il suggérer que la population ou les membres de son parti auraient tout intérêt à exiger des comptes à Mme Demers et à s’inquiéter de sa gestion? Où était-ce tout simplement pour mettre les journalistes sur la piste des petites dépenses faites par ce parti auprès de fournisseurs de l’extérieur comme ce fut le cas lors de la campagne électorale de 2021? Cette attaque était peut-être de bonne guerre, direz-vous, puisqu’il est vrai que Saint-Hyacinthe n’a pas le monopole des questions touchant la transparence. Sauf que le moment et la tribune étaient mal choisis. Oui, l’intervention de M. Beauregard a manqué d’élégance. Cela ressemblait davantage à une manœuvre d’intimidation de la part d’un maire agacé par une citoyenne trop impliquée à son goût et trop dérangeante au final.
Que le maire le veuille ou non, il n’a d’autre choix que de composer avec Saint-Hyacinthe unie, même si ce parti n’a fait élire aucun candidat à l’élection de 2021. Et exiger que ce parti politique ouvre ses livres pour justifier le bon usage de chaque dollar de son budget de fonctionnement étonne et détonne. On aimerait sentir que le maire se préoccupe autant de toutes les dépenses effectuées par des organismes autrement plus financés par la Ville, que ce soit Saint-Hyacinthe Technopole, l’aéroport de Saint-Hyacinthe ou même les loisirs de quartiers.
Puisque cette récente sortie contre Marijo Demers avait l’air télégraphiée, il est à se demander si André Beauregard est bien conseillé. J’ai eu la même réflexion lors de sa récente sortie publique contre le conseiller Bernard Barré à propos des embauches à la Ville de Saint-Hyacinthe. Les commentaires initiaux du bouillant conseiller de La Providence n’avaient guère fait de vagues à l’assemblée du 20 février. Mais en lui répliquant comme il l’a fait à la séance suivante, le 6 mars, le maire a lui-même alimenté le feu de la controverse. Tout comme il l’a fait lundi soir, pour se faire plaisir dans le fond. Comptez sur Marijo Demers pour se faire du capital politique avec ça.
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