Le vote s’est tenu le 5 juin, lors de l’assemblée générale annuelle et extraordinaire des membres ainsi que celle des détenteurs de parts de placement, à Drummondville. Ce résultat marque un jalon important dans le processus d’acquisition qui pourrait mener au transfert des actifs d’Exceldor à Aliments Sofina.
Cette transaction demeure toutefois conditionnelle à l’approbation du Bureau de la concurrence. La direction d’Exceldor n’a pas souhaité commenter l’issue du scrutin afin de respecter le processus réglementaire en cours. Elle compte poursuivre la démarche « avec rigueur et transparence » et s’engage à tenir informés ses membres et partenaires.
À Saint-Hyacinthe, le maire André Beauregard s’est dit peu surpris de l’issue du vote qui pourrait avoir un impact majeur sur les activités d’Exceldor dans la MRC des Maskoutains. « J’avais compris que c’était la volonté de la majorité des membres et du conseil. Il ne reste qu’à espérer que cela profite à Exceldor et à son projet d’usine dans notre ville. J’espère que cette décision permettra d’accélérer sa réalisation », a-t-il souligné.
À défaut d’accélérer sa concrétisation, la vente de la coopérative risque peut-être, dans un premier temps, de consolider le projet. Cette nouvelle usine d’abattage à Saint-Hyacinthe, en développement depuis plusieurs années, devrait bel et bien voir le jour d’ici cinq ans.
Cet engagement a d’ailleurs été répété par la haute direction d’Exceldor lors de la présentation faite à ses membres dans le cadre de son assemblée générale annuelle, a pu confirmer LE COURRIER.
Sentiments partagés
Benoît Fontaine, président des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), a pour sa part accueilli le résultat du vote par un mélange d’émotions.
« C’est un gros joueur qui change de main. Bien sûr, on continuera à défendre les intérêts des éleveurs et la gestion de l’offre. Mais personnellement, c’est triste. J’ai moi-même été membre dans le passé. Cette coopérative, nos grands-parents l’ont bâtie pour nous protéger des abus. Et voilà qu’on la vend… »
Il se dit néanmoins rassuré par l’identité de l’acheteur. « M. Lafiti [PDG d’Aliments Sofina] a une excellente réputation dans le milieu. C’est un Canadien qui soutient la gestion de l’offre. Si ça avait été un acheteur étranger, je ne réagirais pas de la même façon. J’ai confiance que le changement de garde se passe bien. »
Sur le terrain, plusieurs producteurs rencontrés par LE COURRIER à Drummondville voyaient dans l’offre d’Aliments Sofina une occasion de croissance. D’autres, plus résignés, regrettaient tout de même la disparition d’une coopérative qui faisait la fierté du Québec avicole depuis 80 ans.
Pour Normand Leblanc, propriétaire de la ferme Linor à Saint-Barnabé-Sud, la vente apparaît comme une décision logique. « L’ambiance était sereine à l’assemblée. Bien sûr, il y a de la déception, mais les témoignages de producteurs de l’Ouest qui ont déjà fait affaire avec Sofina nous ont rassurés. C’est une entreprise solide. Le plus important, c’est que l’on puisse continuer à distribuer nos produits localement », affirme-t-il.
Exceldor coopérative regroupe environ 330 membres au Québec, en Ontario et au Manitoba. Son chiffre d’affaires dépasse 1,4 G$ et elle emploie plus de 3700 personnes. Dans la région, elle possède des installations à Saint-Damase et Saint-Hyacinthe où travaillent plus de 800 personnes.
Si le Bureau de la concurrence donne son feu vert, Aliments Sofina deviendra le plus grand producteur de volailles au Canada. Basée à Markham, en Ontario, l’entreprise affiche des revenus de plus de 6,5 G$ et emploie 13 000 personnes sur plus de 40 sites répartis au Canada, au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne et en France.
Son portefeuille de marques inclut notamment Cuddy, Lilydale, Janes, Mastro, San Daniele, Fletcher’s et Vienna.