J’avais commencé un texte qui allait ainsi : « Si les forêts sont les poumons de la planète, les milieux humides sont les reins filtrant les cochonneries, empêchant les inondations et améliorant la biodiversité. Pour affronter la crise climatique, ils sont un de nos plus précieux alliés. Bon, c’est swompeux, pis plein de moustiques, MAIS y a aussi des ouaouarons pour manger les moustiques. Pis les ouaouarons chantent la nuit. Pis c’est drôle à écrire, ouaouaron. »
Je ne l’avais pas terminé parce qu’autre chose était arrivé dans l’actualité, tsé, il y a toujours une bonne raison de tasser des batraciens. Mais récemment, j’ai entendu un promoteur de Laval se plaindre : « On peut pu rien faire à cause des ouaouarons, des crocodiles, pis des affaires de même, le monde sont rendus fous avec leurs bibittes. »
Trois affaires drôles. D’abord, les crocodiles. Heu, j’ai pas vu beaucoup de crocodiles à Laval, à part en format sac à main. Ensuite, c’est pas « le monde sont », c’est le monde sontaient. Finalement, c’est tellement pas vrai qu’ils « peuvent pu rien faire ». Ah, minou. Ils peuvent TOUTE faire. Au Québec, je me répète, 98 % des permissions de détruire un milieu humide sont autorisées par le ministre de l’Environnement. Seulement 2 fois sur 100, ils disent : lui, on va le garder.
C’était le cas d’un terrain où, début 2023, le Ministère faisait la démonstration de la valeur écologique du site et de l’impact néfaste sur l’environnement d’un projet domiciliaire « parce qu’il portait atteinte à la fonction de conservation de la biodiversité que remplissent les milieux humides ».
Un an plus tard, le même ministère « accompagne » la société Northvolt dans la destruction du site qu’il voulait protéger. Droits acquis, maison des aînés ou usine à batteries, y a toujours une bonne raison de tasser les ouaouarons.