Il est malheureusement ravagé par un incendie dans la nuit du 23 au 24 août 1859. Vers minuit et quart, le feu se déclare dans un hangar rempli de bois sec, dépendant de la gare du chemin de fer. Malgré les efforts incessants des pompiers et de quelques citoyens, le feu se propage au toit du palais de justice voisin, lequel s’embrase vers une heure du matin. Grâce à l’énergie des pompiers, la petite église anglicane située en arrière du chemin de fer et les maisons voisines sont préservées.
Le palais de justice n’est pas assuré. Heureusement, tous les dossiers, les livres et les registres du greffe sont sauvés, de même que les effets du gardien de prison Godefroy Renaud. On attribue la cause de l’incendie à quelques étincelles lancées par le passage d’un convoi.
Il est impératif de trouver rapidement un autre lieu où loger la Cour. La lecture du procès-verbal de la séance du conseil de la Cité de Saint-Hyacinthe, tenue le 5 octobre 1859, nous apprend ceci : « Rapport du comité nommé pour s’enquérir des améliorations qui doivent être faites à la halle du marché du centre, pour y tenir les séances et la Cour de justice du district de St. Hyacinthe. »
Contrairement à certaines affirmations, le marché n’a pas été agrandi, mais plutôt réaménagé pour recevoir la salle de la Cour à l’étage et le bureau du greffier dans la partie centrale du rez-de-chaussée. La soumission de Noël Bayard est acceptée pour les travaux à faire pour aménager le bureau du greffier, et celle de Joachim Langie pour exécuter ceux à l’étage où sera logée la Cour. Les contrats spécifient clairement que les travaux doivent être parachevés le 15 novembre suivant.
Le site du futur palais de justice est vivement discuté parmi les intéressés. Les uns le placent au-delà du chemin de fer, dans le quartier qu’on nomme aujourd’hui Bourg-Joli, les autres à son emplacement actuel, c’est-à-dire au 1550 de la rue Dessaulles. De son côté, le gouvernement semble plutôt enclin à le bâtir sur la terre du Séminaire, à une dizaine d’arpents du centre de la ville. Finalement, le site de la rue Dessaulles sera retenu, probablement à cause de sa proximité avec le centre-ville et avec la gare nouvellement construite.
Son architecture respecte un modèle implanté vers 1820 par les architectes et ingénieurs britanniques et s’inspire des temples grecs et romains à fronton de l’Antiquité. Les plans sont dressés par Frédérick Preston Rubidge, architecte en chef du département des Travaux publics du Bas-Canada. Ils vont d’ailleurs servir à la construction de douze nouveaux palais, dont celui de Saint-Hyacinthe, ce qui explique sa forte ressemblance avec celui de Trois-Rivières.
Le contrat de construction, au montant de 22 000 $, est consenti à l’entrepreneur Charles Peter de Québec et il est exécuté en sous-ordre par M. Connelly et M. O. Généreux de Saint-Hyacinthe. Les travaux débutent en 1860 et se terminent en 1862.
Dans un prochain article, nous verrons les détails de ce palais de justice qui a vraiment fière allure et qui va demeurer en place une bonne centaine d’années.
À suivre : le second palais de justice et sa démolition.
Par Daniel Girouard et Martin Ostiguy, membres du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe