« Moi, j’ai toujours habité au centre-ville, et j’aime ça demeurer ici. J’aimerais mieux rester, etça peut aller jusqu’en juillet 2018, c’est certain. Je n’ai jamais eu de trouble avec la Ville, mais il y a une chose : j’aimerais savoir. Dites-leur (aux gens de la Ville) qu’ils se décident », a-t-il confié aux représentants du COURRIER lorsqu’il leur a ouvert sa porte mercredi dernier.
Depuis que la Ville a confirmé, au printemps, son intention d’ajouter 108 cases au stationnement du Centre des arts Juliette-Lassonde en faisant l’acquisition des cinq propriétés (20 logements) de l’avenue Saint-François qui le longent du côté est, de la rue Marguerite-Bourgeoys jusqu’à la promenade Gérard-Côté, les résidents de ce bout de rue sont dans le noir. Ils se demandent s’ils sont toujours visés par les préparatifs que la Ville poursuit en vue de la construction d’une tour d’habitation Réseau Sélection de 15 étages et 185 logements dans le stationnement public Intact, du côté ouest du Centre des arts, un projet privé estimé à 50 M$.
M. Pinard se sent bousculé dans tout ça – il ne croit pas que ce coin du centre-ville est le meilleur endroit pour une telle construction – et il ajoute que sa voisine d’en haut, une damed’un âge tout aussi vénérable que le sien qui enseigne toujours le piano, n’a pas plus envie que lui de devoir quitter son logis.
Il était le propriétaire de la maison du 205-207, avenue Saint-François avant de la céder à son fils, Mario, qui possède aussi l’immeuble voisin du 227, Saint-François avec sa compagne, Jacinthe Noiseux. Tous deux ont été les premiers propriétaires de la rue avec qui le directeur des Finances de la Ville de Saint-Hyacinthe, Michel Tardif, est entré en contact en avril. « Il nous a offert la valeur de l’évaluation plus 15 %, mais ce n’est pas suffisant, surtout quand on sait qu’ils ont payé 46 % au-dessus de l’évaluation pour d’autres propriétés. Il nous a rappelés au début de mai pour nous proposer de faire une offre, en nous disant qu’il serait en mesure de nous revenir une semaine après. Mais il ne nous est jamais revenu », a raconté Jacinthe Noiseux.
Le couple n’est pas disposé à vendre au rabais à la Ville, et surtout pas dans le cadre d’une opération qui vise à accommoder un promoteur immobilier. « Ils veulent leur vendre la meilleure place qui reste au centre-ville, mais moi, personnellement, je crois que tout ce quadrilatère-là devrait rester libre. C’est le lit de la rivière ici, ça devrait être une zone non constructible », estime Mario Pinard. Plutôt que de vivre dans l’incertitude, lui et son épouse sont passés à l’action : ils viennent d’acheter une maison, rue Saint-Pierre Ouest, du côté de la rivière Yamaska. « J’aime le bord de l’eau », avoue-t-il.
Leurs voisins du 145-147, Saint-François, Maryse Poirier et Mario Jodoin, tiennent eux aussi à obtenir un juste prix pour leur propriété et son bâtiment de brique datant de 1903. « C’est la première maison qui a été bâtie dans la rue. Vendre, je veux bien, mais ce ne sera pas à n’importe quel prix. Regardez ce que la Ville a fait sur Concorde Nord : ils ont versé 288 000 $ à quelqu’un qui venait de tout acheter pour 61 000 $ », rappelle Mme Poirier.
Mario Jodoin trouve « bizarre » la façon dont la Ville se comporte actuellement, en tenant les citoyens plutôt mal informés selon lui. « En 1990, dans le projet du Centre des arts, on savait ce qui se passait avec le maire Claude Bernier et le directeur général Alain Rivard. Je leur avais même dit : si vous avez besoin d’espace, je suis votre homme », a-t-il raconté, lui qui ne semble pas manifester la même ouverture dans le présent dossier.
Les résidents sans nouvelles de la Ville
Les résidents sans nouvelles de la Ville
Mario Jodoin et Maryse Poirier devant leur maison du 245-247, avenue Saint-François. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Roger Pinard, 92 ans, n’a pas envie de quitter son logis de l’avenue Saint-François. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Le 28 août, Roger Pinard célèbrera son 93e anniversaire de naissance dans le logement de l’avenue Saint-François où il a emménagé il y a 35 ans avec son épouse, maintenant décédée. Mais qu’en sera-t-il l’été prochain, après l’expiration de son bail?