22 septembre 2011 - 00:00
Les sceptiques n’ont pas été confondus
Par: Le Courrier

« Pour un nouveau programme, ça se passe très bien. Sur le terrain, les propriétaires sont réceptifs et nous avons une bonne collaboration. Les citoyens de notre territoire sont sensibilisés à l’environnement depuis plusieurs années », a indiqué le directeur de la RIAM, Réjean Pion.

Si les contribuables ont cessé de monter aux barricades, c’est que la Régie a bien joué ses cartes, estime Robert Lapalme, un résident d’Acton Vale qui n’a toujours pas avalé la pilule. « Puisque les frais de 200 $ sont divisés en deux et mêlés dans le compte de taxes, on ne le voit pas trop », a-t-il fait savoir au COURRIER.On se souviendra que le service régional de collecte des boues, qui oblige les propriétaires à vidanger leurs installations septiques aux deux ans, n’est pas passé comme une lettre à la poste. Les frais de 200 $ imposés à même le compte de taxes municipales et le choix d’un fournisseur unique pour tout le territoire ont provoqué la grogne chez les contribuables. Peu importe, toutes les municipalités membres de la RIAM, à l’exception d’Acton Vale, ont voté en faveur de son adoption. « Bien des gens qui ont voté en faveur de l’adoption du programme n’ont même pas de fosse septique sur leur propriété! », martèle toujours M. Lapalme.Pour Réjean Pion, les résidents dont les installations sont en règle ont accepté les changements plus facilement que les autres. « Il ne faut pas se leurrer, la situation de la plupart des propriétaires qui étaient contre l’implantation du programme n’était pas conforme. Ceux qui sont dans les normes ont payé pour l’être et veulent que ce soit pareil pour tous. »À Upton, Sylvain Cabana affirme avoir toujours respecté les normes, mais n’est pas d’accord pour autant. « J’ai toujours fait vider mes installations septiques aux deux ans », a-t-il assuré. Propriétaire d’une résidence sur le rang Du Carré depuis 26 ans, M. Cabana retenait les services du même entrepreneur depuis des années au coût de 120 $ par vidange. « Je vais payer davantage et je ne suis même pas libre de choisir l’entreprise avec qui je vais faire affaire » s’est-il indigné, ajoutant que l’entrepreneur qui desservait son voisinage a dû mettre la clé dans la porte. « Il a tout vendu lorsque le programme de vidange a été mis en place : il perdait du même coup toute sa clientèle! »« Ce n’est jamais bon pour personne d’avoir un seul fournisseur, sauf pour le fournisseur en question! », estime aussi Robert Lapalme, croyant que la compétition disparaîtrait d’ici peu. « Les autres entrepreneurs en installations septiques vont changer de domaine », croit cet agronome de formation.Le règlement provincial sur l’évacuation des eaux usées des résidences isolées impose une fréquence de collecte aux deux ans pour les résidences principales et aux quatre ans pour les résidences secondaires. La mise en application et le respect de ce règlement sont la responsabilité des municipalités.Les boues recueillies sont transportées dans un site de valorisation autorisé et reconnu par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs afin d’être traitées et réutilisées sous forme de fertilisant. Or, voilà le problème estime Robert Lapalme. Selon lui, la vidange abusive et inutile finira par coûter cher. « Les sites vont se remplir et ça va coûter de plus en plus cher pour se débarrasser du contenu des fosses. »D’autres villes ont fait le choix de ne pas appliquer le règlement de cette façon. À Sherbrooke, la municipalité a formé une escouade d’inspecteurs chargée de vérifier annuellement la nécessité de vidanger chaque fosse du territoire. « Cela a duré quelques années avant de prendre fin », a rapporté M. Pion, soulignant la complexité et les coûts d’une telle entreprise.Pour Andrée Morue, de Saint-Pie-de-Bagot, cela reste pourtant la meilleure solution. « Si cela peut m’éviter de payer 200 $ aux deux ans, je suis prête à débourser un certain montant pour faire venir un inspecteur », a affirmé la dame qui vit seule dans une grande résidence du rang Haut-de-la-Rivière. « La fosse septique est faite pour une maison de cinq chambres, mais je suis seule. Je n’ai pas besoin de la faire vider aux deux ans », plaide-t-elle.Même chose pour Robert Lapalme dont les installations septiques sont 25 % plus grandes que les normes gouvernementales. En 2007, le couple Lapalme a bâti sur ses terres une toute nouvelle résidence. À cette époque, la grande maison abritait trois enfants qui ont depuis quitté le nid.« Nous avons fait construire une fosse septique plus grande pour plus de sécurité et pour avoir à la faire vider moins souvent, mais nous ne savions pas que nous serions abonnés à des vidanges aux deux ans alors que nous pourrions procéder aux six ans sans aucun danger environnemental, », a conclu le père de famille, estimant payer pour rien.

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