Au retour d’une visite à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinhe où ils ont sondé le moral de leurs troupes, le président de la Fédération, Jeff Begley, le vice-président du conseil central Montérégie – CSN, Michel Daigle, et le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Est – CSN, Daniel Laroche, paraissaient bien découragés.
Pour eux, il est évident que la réforme du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est un échec retentissant. « Cette réforme a mené le système de santé au bord du précipice », affirme Daniel Laroche, en rapportant ce qu’il a vu et entendu sur le terrain.
À l’Hôtel-Dieu, ce sont entre 60 et 80 travailleurs des catégories 2 et 3 – personnelparatechnique, services auxiliaires et de métiers, personnel de bureau, techniciens et professionnels de l’administration – qui ont témoigné de leur désarroi face à des situations qu’ils jugent inacceptables, à commencer par le manque chronique de personnel, ont souligné leurs représentants syndicaux.
« Avec ce qu’ils subissent jour après jour, la surcharge de travail, les heures supplémentaires obligatoires, ils sont à bout de souffle. On entend beaucoup le Dr Barrette parler d’un deuxième bain par semaine pour les patients en CHSLD, mais encore faudrait-il que les préposées aient le temps de leur donner le premier. C’est souvent un seul grand bain par deux semaines », poursuit-il.
Il parle aussi des employés qui doivent faire manger trois ou quatre bénéficiaires en même temps « comme sur une chaîne de montage », des résidents laissés en jaquette toute la journée parce qu’il n’y a personne pour les aider à s’habiller et d’autres encore qui n’ont pas été levés et qui resteront couchés toute la journée… « Le personnel est démotivé et la détérioration de la qualité de vie des résidents s’accélère », résume M. Laroche.
Jeff Begley pointe du doigt les compressions budgétaires qui ont accompagné la réforme et la réforme elle-même. « Il n’y a pas assez de monde à cause de la démotivation et parce que l’argent manque. Depuis 2015, le nombre d’employés sur l’assurance-salaire a augmenté de 24 % partout, sauf aux deux endroits où il n’y a pas eu de fusion d’établissements. Quand nous avons rencontré le ministre Barrette, nous lui avons dit que sa réforme était très lourde à porter et qu’à un moment donné, ça allait péter s’il n’y avait pas de réponse à nos appels. Si ce n’est pas encore arrivé, c’est parce que le personnel est résilient. Heureusement, les voix continuent de s’élever dans la région contre cette réforme. »
Quant à Michel Daigle, il s’est dit surpris par la gravité des témoignages qu’il a entendus jusqu’ici. « Je ne pensais pas qu’on en était rendu à un tel degré de dégradation du climat de travail. C’est un ras-le-bol généralisé. »