C’est sur ce thème des 40 ans que les DPJ de chaque région ont récemment déposé leur 16e bilan annuel, un bilan qui indique que les signalements d’enfants vivant des situations inquiétantes sont en hausse. « Les intervenants ont vécu beaucoup d’action en 2018-2019, malheureusement aussi lors d’événements tristes comme le décès de la jeune fille de Granby. Nous avons reçu durant cette période près de 1500 signalements de plus en Montérégie, ce qui démontre que nous avons une société qui veut prendre soin de ses jeunes. Nous devons être fiers de cela », a souligné la directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie, Josée Morneau, en présentant le dernier bilan aux représentants du COURRIER.
Mme Morneau souligne que ces 40 ans de protection de la jeunesse étaient source de fierté à la DPJ, même si cette longue période ne s’est pas écoulée sans ajustements, comme ce moment de réflexion qui s’amorce à Québec ces jours-ci, le temps d’une relecture de la loi à l’occasion des travaux de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.
En un an donc, la quantité de signalements reçus et traités en Montérégie est passée de 13 626 à 14 979, en hausse de 1353 (+9,9 %). De ce nombre, 6117 signalements ont été retenus, soit 679 de plus qu’en 2018-2019. Heureusement, les effectifs de la DPJ sont en augmentation sur le territoire, a signalé la directrice. Le nombre de postes dans son équipe est passé de 100 à 130 – pour le secteur Saint-Hyacinthe / Beloeil, il grimpe de 15 à 20 – et le nombre de téléphonistes qui reçoivent les signalements a été haussé de 20 à 30. « Je demande que tous les appels soient traités dans un délai maximum de cinq minutes parce que, lorsque le temps d’attente est trop long, on perd un client », glisse Mme Morneau.
En Montérégie, ce sont les cas de négligence envers les enfants (26,6 %) et de violence corporelle (35 %) qui viennent en tête de liste des signalements retenus, suivis des cas de mauvais traitements psychologiques (19 %), des troubles de comportement (9 %), des risques sérieux de négligence (8,7 %), des abus sexuels (5,8 %), des risques sérieux de violence (3 %) et des risques sérieux d’abus sexuels (2,8 %). Notons qu’au cours de la dernière année en Montérégie, la DPJ a aussi traité 12 cas avérés d’abandon d’enfant (0,2 %), contre 18 en 2017-2018.
Mme Morneau a présenté le dernier bilan en compagnie de Michelle Malouin, éducatrice attachée au Programme de qualification jeunesse (PQJ). Ce service de la DPJ moins connu que d’autres œuvre auprès d’adolescents qui ont traversé des périodes difficiles et qui sollicitent de l’accompagnement à l’approche de l’âge adulte.
« C’est une démarche volontaire. Nous les suivons durant trois ans, on reste avec eux jusqu’à ce qu’ils aient 19 ans. On les aide à développer leurs compétences pour qu’ils ne se retrouvent pas en situation d’exclusion sociale. On essaie de travailler avec eux pour qu’ils reprennent du pouvoir sur leur vie », explique Mme Maloin. Son travail consiste, entre autres choses, à initier les jeunes aux petites réalités du quotidien des gens autonomes. « Ça peut être comment faire un chèque, remplir un curriculum vitae, s’occuper de sa nourriture, tout ce qu’ils doivent savoir pour éviter de se retrouver sur l’aide sociale. On fait vraiment de tout avec eux et j’adore ce travail. On ne veut pas qu’ils dorment dehors, on veut qu’ils sachent où aller. Pour nous, tout l’aspect “réseau” est fondamental : c’est Espace Carrière, la Commission scolaire, le Centre local d’emploi aussi. »