9 avril 2020 - 14:49
L’Expo agricole sur la corde raide
Par: Jean-Luc Lorry

François Brouillard, directeur général de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe, à la veille du lancement de l’édition 2019 de l’Expo agricole. Photothèque | Le Courrier ©

François Brouillard, directeur général de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe, à la veille du lancement de l’édition 2019 de l’Expo agricole. Photothèque | Le Courrier ©

En raison des mesures gouvernementales qui s’ajoutent jour après jour pour freiner la propagation du coronavirus au Québec, les organisateurs de l’Expo agricole de Saint-Hyacinthe craignent une possible annulation du plus grand festival agricole du Québec, qui est programmé du 16 au 25 juillet.

« Depuis Noël, nous préparons la prochaine édition de l’Expo agricole. Habituellement, le printemps est une période très intense pour nous. Nous n’avons pas le choix d’avancer dans les circonstances, mais ce n’est pas facile », indique François Brouillard, directeur général de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe, en vidéoconférence avec LE COURRIER.

Pour cette entrevue virtuelle, M. Brouillard était accompagné de David Messier, le nouveau directeur de la programmation de l’Expo agricole.

« Nous avons des dates butoirs. On regarde nos contrats avec nos fournisseurs et partenaires. Nous avons encore du temps devant nous avant de prendre une décision », mentionne M. Messier.

Cette activité familiale pourrait être annulée, au même titre que les autres expositions agricoles au Québec, par les autorités publiques.

« Depuis plusieurs mois, nous avons investi en salaires pour tenir l’Expo. Nous ne pouvons compter sur aucun dédommagement d’assurances puisque nous n’en avons pas en cas d’annulation », précise M. Brouillard.

Cette année, le budget consacré à cette activité phare de la grande région de Saint-Hyacinthe avoisine les 3 M$.

Selon les chiffres de l’organisation, l’Expo agricole a attiré 174 000 visiteurs en 2019. Des passeports pour la prochaine édition ont déjà trouvé preneur via la vente en ligne.

Si les organisateurs de l’Expo agricole devaient annuler l’activité, ou être contraints de le faire, ce serait l’une des rares fois où ce festival ne se tiendrait pas depuis sa première édition en 1837.

Les deux responsables regardent avec une certaine anxiété d’autres festivals au Québec, dont certains ont annoncé leur annulation, comme le Festival international de jazz et les Francos de Montréal.

Report peu probable

François Brouillard fonde peu d’espoir sur un possible report de l’Expo agricole cet automne. « Nous ne pourrions pas investir le même budget et garder la même programmation en cas de report de l’événement. Si l’on prend l’exemple du mois de septembre, cela change tout dans le calendrier d’une ferme », souligne François Brouillard.

En plus de l’Expo, la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe organise annuellement le Salon de l’agriculture en janvier, le gala Cérès (soirée hommage dans le cadre du Salon de l’agriculture), Plaisirs Relâche au début mars, le Suprême laitier et Expo-Champs en août et le Gala excellence agricole Montérégie-Est en novembre.

Expo-Champs est un salon à ciel ouvert qui est prévu les 25,26 et 27 août à Saint-Liboire. « Nous faisons face au même problème que pour l’Expo. Le point encourageant est que la tenue d’Expo-Champs est moins imminente », note M. Brouillard.

L’Association des expositions agricoles du Québec (AEAQ) sonde actuellement ses 28 membres afin de connaître leur décision dans la présente situation.

« L’AEAQ est en constante discussion avec le MAPAQ afin de regarder divers scénarios, soit pour l’annulation ou le déplacement de certaines expositions. La collaboration est très bonne avec les représentants du gouvernement du Québec et tout est encore possible », écrit dans un courriel adressé au COURRIER Lee Patterson, directeur Relations avec les membres et partenaires de l’AEAQ.

« Dans le cas où Québec permettrait les rassemblements et si jamais certaines expositions peuvent déplacer leurs dates, il faudra confirmer avec les propriétaires d’entreprises de manèges et autres fournisseurs afin de valider qui est disponible pour les nouvelles dates choisies », poursuit-il.

Parmi les membres qui ont répondu au sondage mené par l’AEAQ, personne n’a encore annulé son activité.

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