16 avril 2020 - 13:17
Situation dans les milieux de vie pour personnes aînées et vulnérables
L’Hôtel-Dieu absent de la liste malgré ses huit cas
Par: Maxime Prévost Durand
Depuis un peu plus d’une semaine, l’Hôtel-Dieu accueille des personnes âgées provenant d’autres milieux de vie qui ont été déclarées positives ou qui sont en attente d’un dépistage. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Depuis un peu plus d’une semaine, l’Hôtel-Dieu accueille des personnes âgées provenant d’autres milieux de vie qui ont été déclarées positives ou qui sont en attente d’un dépistage. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Même si le CISSS de la Montérégie-Est confirme que huit cas suspects ou confirmés de COVID-19 étaient dénombrés à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe en date de mercredi, le centre d’hébergement maskoutain est absent de la liste sur la situation dans les milieux de vie pour personnes aînées et vulnérables, rendue publique par le gouvernement provincial mardi soir.

L’explication? « Ces résidents [atteints de la COVID-19 ou suspectés d’en être atteints] proviennent de résidences privées pour aînés (RPA) ou de ressources intermédiaires (RI) et ne sont donc pas comptabilisés dans nos résidents [de l’Hôtel-Dieu], précise Hugo Bourgoin, conseiller aux relations médias et ministérielles au CISSS de la Montérégie-Est. Nous les hébergeons temporairement sur une unité fermée du Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, car ils ne respectent pas les consignes de confinement dans leur milieu de vie. »

C’est donc dire que la liste dévoilée par le gouvernement ne prend en compte que les résidents permanents des différents milieux dans les chiffres qui sont partagés. Aucune résidence pour personnes aînées ou ressource intermédiaire de Saint-Hyacinthe ne figurait sur la première version de cette liste.

Depuis un peu plus d’une semaine, l’Hôtel-Dieu accueille des personnes âgées provenant d’autres milieux de vie qui ont été déclarées positives ou qui sont en processus de dépistage. Ces transferts se poursuivent toujours, contrairement à ceux provenant du milieu hospitalier, confirme M. Bourgoin. Ces résidents temporaires sont admis au troisième étage de l’Hôtel-Dieu, lequel est devenu la « zone chaude » du centre d’hébergement. Il est possible d’y accueillir une trentaine de patients en isolement. Dans la dernière semaine, on a observé une augmentation de six personnes hébergées sur cette unité.

Le dépistage se fait attendre

Quant au dépistage systématique des employés dans les CHSLD annoncé la semaine dernière par le gouvernement Legault, il semble que son déploiement se fasse toujours attendre dans la réalité.

« Le dépistage des employés se fait graduellement en commençant dans les centres d’hébergement où il y a des cas de la COVID-19, indique Hugo Bourgoin. Comme il n’y a pas de cas à l’extérieur de l’unité fermée à l’Hôtel-Dieu, les employés n’ont pas encore été dépistés, mais ils le seront prochainement. »

Il confirme du même coup qu’une équipe est dédiée spécifiquement à l’unité fermée accueillant les cas de COVID-19 et que ces employés ne travaillent pas ailleurs dans le centre d’hébergement.

Une sortie de la FIQ

Alors que la crise se fait de plus en plus grande dans différents CHSLD de la province, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a déploré en début de semaine que le gouvernement ait fermé les yeux tout ce temps sur une situation qui était connue depuis longtemps, notamment quant à la pénurie de personnel, l’absence de ratio professionnels-patients et les problèmes d’attraction et de rétention de personnel.

« On ne voulait pas être obligés de ramener cette lutte durant cette crise parce qu’on doit être mobilisés et se serrer les coudes en ce moment, mais depuis une semaine, quand j’entends parler des ratios par le gouvernement, ça fait plusieurs années qu’ils savent qu’il y a une problématique », soutient la présidente de la FIQ, Nancy Bédard.

Elle a même cité en exemple l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, où la situation était décrite comme étant particulièrement préoccupante ces dernières années.

En entrevue au COURRIER, elle a rappelé qu’une sortie majeure des professionnels en soins avait été réalisée en 2015 « pour lever le drapeau tellement il y avait des postes qui avaient été coupés ». Ces coupes avaient eu des répercussions sur la qualité des soins, en plus de conduire à une surcharge de travail chez certains employés.

La situation de l’Hôtel-Dieu avait continué d’être décriée dans les années suivantes, amenant même Mme Bédard à se rendre à une réunion du conseil d’administration avec des employés, en 2017, pour démontrer tout ce qui ne pouvait pas être fait dans un quart de travail régulier, faute de personnel. Elle avait aussi visité le centre d’hébergement d’un bout à l’autre, deux fois plutôt qu’une. « J’ai vu ce que ça voulait dire de ne pas avoir un bon ratio », laisse-t-elle tomber.

Cette réalité à l’Hôtel-Dieu avait encore fait les manchettes dans les derniers mois, notamment avec une sortie du syndicat local à la une du COURRIER en février 2019.

Heureusement, un infirmier clinicien de l’Hôtel-Dieu laissait entendre dans nos pages la semaine dernière qu’il y avait assez de personnel en ce temps de crise compte tenu des activités réduites. Le stress lié à la pandémie était néanmoins bien présent au sein du personnel.

La présidente de la FIQ espère que les efforts orchestrés durant cette crise pour offrir un meilleur ratio professionnels-résidents seront là pour de bon et que des jours meilleurs viendront. « La situation a été testée et validée, plaide Mme Bédard. Il reste juste à la déployer. »

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