9 mars 2023 - 07:00
L’Inter-Mission ferme ses portes
Par: Sarah-Eve Charland
L’organisme en réinsertion sociale L’Inter-Mission fermera son point de service maskoutain le 31 mars. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’organisme en réinsertion sociale L’Inter-Mission fermera son point de service maskoutain le 31 mars. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Centre de réinsertion sociale L’Inter-Mission, situé au centre-ville de Saint-Hyacinthe, fermera ses portes à la fin du mois, provoquant ainsi une onde de choc dans la région.

« À tous ceux qui ne le savaient pas encore, c’est avec émotions que nous vous annonçons la fermeture de L’Inter-Mission prévue pour le 31 mars. Le bâtiment a été vendu à contrecœur. Il reste quelques personnes hébergées qui sont toujours à la recherche de logement ou de ressource pouvant les accueillir », peut-on lire sur la page Facebook de l’organisme.

L’Inter-Mission avait pour mission d’offrir des services aux personnes souhaitant mettre un terme à des problèmes de consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments. L’organisme accueillait des personnes, âgées de 18 à 65 ans, ayant le souhait de réapprendre à vivre en société. Les participants y séjournaient pour la durée du programme, soit quatre mois. L’Inter-Mission était chapeauté par le centre de thérapie Toxi- co-gîtes à Upton. L’organisme invite d’ailleurs les anciennes personnes hébergées qui souhaitent obtenir de l’aide à contacter le centre Toxi-co-gîtes et la Maison L’Intégrale à Sherbrooke.

Contactée par LE COURRIER, Évelyne Vanier, directrice clinique chez Toxi-co-gîtes, n’a pas voulu confirmer les raisons qui ont poussé à la fermeture du point de service à Saint-Hyacinthe. Elle a ajouté qu’il « était fort probable que les services soient rouverts ailleurs en Montérégie ».

Selon la publication sur Facebook, le bâtiment a été vendu, mais la transaction ne semble pas avoir été officialisée par un notaire. Plusieurs ventes ou offres d’achat se sont conclues dans le même quadrilatère, dont la vente de la boutique Tel Quel en décembre 2022. À la Société Saint-Jean-Baptiste Richelieu-Yamaska, située sur l’avenue Robert à l’arrière de L’Inter-Mission, on nous a confirmé qu’une offre d’achat avait été acceptée sur le bâtiment. Il nous a été impossible de vérifier si toutes les offres d’achat et les transactions ont été réalisées par le même acheteur et, par le fait même, si elles étaient reliées par un projet en particulier.

L’Inter-Mission avait reçu le renouvellement de son certificat de conformité en octobre 2022 par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre. La certification est d’une durée de quatre ans. L’organisme recevait du financement par le programme Aide financière pour les ressources offrant de l’hébergement en dépendance. Selon le rapport annuel du CISSS de la Montérégie-Centre, la ressource avait reçu 88 377 $ en 2020-2021 et 110 112 $ en 2021-2022.

Une grande perte

Le CISSS de la Montérégie-Centre s’occupait du financement, mais le CISSS de la Montérégie-Est interagissait directement avec l’organisme. « Le Centre de réinsertion sociale L’Inter-Mission est l’un de nos précieux partenaires communautaires et accueille effectivement certains de nos usagers. Dans ce contexte transitoire, nos équipes tentent de trouver d’autres options d’hébergement », souligne la porte-parole du CISSS de la Montérégie-Est, Caroline Doucet.

Le conseiller municipal du district Cascades, Jeannot Caron, s’est montré surpris de la nouvelle. Même s’il n’avait pas de relation avec l’organisme, il est bien déçu de le voir fermer puisqu’il « répondait à un besoin dans la région ».

Pas juste dans la région, poursuit le président de l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID), Vincent Marcoux.

« Je n’ai pas beaucoup de centres au Québec qui offrent de la réinsertion sociale. L’Inter-Mission n’offrait pas nécessairement des services à des gens de la Montérégie. On a un service spécialisé en moins au Québec. […] Dès qu’un organisme ferme ses portes, ça exerce une pression supplémentaire sur les autres organismes. Ça fait en sorte qu’une clientèle, qui était desservie avec L’Inter-Mission, se retrouve dans le besoin. Elle va cogner aux portes des autres organisations. En Montérégie, je ne suis pas en mesure de vous dire si les autres organismes sont capables de recevoir cette clientèle », mentionne M. Marcoux.

La cogestionnaire et intervenante à la Maison alternative de développement humain (MADH), Françoise Pelletier, déplore cette perte. Elle a déjà reçu quelques appels de personnes recherchant de l’aide pour traiter des dépendances sans savoir quoi leur dire.

« Je n’ai nulle part où les référer. On travaillait en complémentarité avec L’Inter-Mission. C’est bien dommage. Je les réfère, des fois, à L’Alcôve, mais je ne suis vraiment pas certaine que je les envoie au bon endroit. C’est plate pour ces personnes-là. C’est déjà difficile de demander de l’aide », s’attriste Mme Pelletier.

Alors que L’Inter-Mission offre des services d’hébergement et d’accompagnement en réinsertion sociale, L’Alcôve offre davantage des thérapies fermées.

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