18 avril 2024 - 03:00
L’interdiction des pesticides impose des contraintes aux paysagistes
Par: Sarah-Eve Charland
La Ville de Saint-Hyacinthe a adopté un règlement interdisant les pesticides sur son territoire. Photothèque | Le Courrier ©

La Ville de Saint-Hyacinthe a adopté un règlement interdisant les pesticides sur son territoire. Photothèque | Le Courrier ©

La Ville de Saint-Hyacinthe a adopté le règlement visant à interdire les pesticides sur son territoire sans prendre en considération les répercussions sur les entreprises de paysagement. C’est du moins ce que dénonce le paysagiste Mario Cloutier, de Taillage Expert.

Le règlement a été adopté en décembre. Les paysagistes l’ont seulement su en février, soit plusieurs mois après que les entreprises ont commandé les pesticides qui seront nécessaires pour la saison estivale suivante. Par exemple, le propriétaire de Taillage Expert a acheté 200 galons de pesticides qu’il ne pourra pas étendre cet été.

« On n’a pas été avertis par la Ville. Elle aurait dû nous laisser le temps de nous préparer. C’est un manque de respect », déplore M. Cloutier.

Le règlement interdit l’utilisation de pesticides au sens large, mais en excluant les pesticides à faible impact et l’azadirachtine qui, eux, seront encore permis. Les entrepreneurs qui répandront des pesticides autorisés pour autrui devront se munir d’un certificat d’enregistrement annuel au coût de 1000 $. Pour être admissible, l’entreprise doit fournir en preuve l’obtention des permis délivrés par le ministère de l’Environnement.

« Est-ce qu’on est les seuls professionnels à devoir débourser 1000 $ pour travailler? S’il y a une justice, elle doit être équitable pour tout le monde. Je pars mon année avec un trou de 1000 $ dans mon budget en plus des pertes monétaires à cause des pesticides inutilisables. Un client qui compte mettre des pesticides à faible impact chez lui n’a pas besoin de payer 1000 $, mais moi je dois le faire », ajoute-t-il.

À titre comparatif, la Ville de Belœil délivre aussi des certificats d’enregistrement afin de permettre aux entreprises paysagistes d’épandre certains types de pesticides, mais au coût de 100 $ par année. De son côté, les certificats sont gratuits à Mont-Saint-Hilaire.

Malgré tout, M. Cloutier dit reconnaître la pertinence d’une réglementation visant à encadrer l’usage de pesticides. « On a beau dire, mais les clients ne veulent pas de pissenlits. Les gens ne sont pas rendus là. J’ai des clients qui m’ont dit qu’ils allaient ramener des pesticides des États-Unis pour les étendre la nuit. Ils vont quand même en mettre sur leur terrain, mais ça ne sera pas identifié. »

Les pesticides pourront toujours être utilisés entre autres pour enrayer des plantes constituant un danger ou une infestation, mais à condition d’obtenir un permis. D’autres exceptions s’appliquent, dont pour les clubs de golf.

Les amendes pour les contrevenants varient entre 200 $ et 500 $ pour une première offense et entre 500 $ et 2000 $ en cas de récidive. S’il s’agit d’une entreprise, elles varient entre 500 $ et 1000 $ pour une première infraction, mais entre 1000 $ et 2000 $ en cas de récidive. Si une entreprise ayant pour mandat d’asperger un terrain d’autrui commet une infraction, elle est susceptible de se voir imposer une amende variant entre 2000 $ et 4000 $.

« Ce nouveau règlement, ayant pour objectif de protéger la santé des citoyens et la biodiversité sur le territoire maskoutain, s’inscrit parfaitement dans le cadre des orientations et des priorités du conseil municipal. La décision d’interdire les pesticides pour des raisons esthétiques va même au-delà du Plan de développement durable (PDD) de la Ville qui comporte une action visant à sensibiliser la population sur les pesticides, leurs effets et les solutions de rechange », mentionne la porte-parole de la Ville de Saint- Hyacinthe, Lyne Arcand.

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