Dans le cas de l’OBV, l’organisme ne détient pas de pouvoir d’intervention et agit donc en fonction des mandats qui lui sont confiés. À la suite du déversement de 2016, l’OBV avait ainsi été chargé par la Ville pour réaliser un suivi de l’état de la rivière pendant deux ans, mandat maintenant complété. La semaine dernière, la chargée de projet à l’OBV Lou Paris a confirmé au COURRIER que son organisme n’avait pas été contacté jusqu’à présent par la Ville de Saint-Hyacinthe dans ce dossier.
Du côté du ministère de l’Environnement, c’est visiblement LE COURRIER qui a mis son représentant média au courant de la situation lors d’un premier contact. Les équipes d’Urgence-Environnement étaient alors bien occupées du côté de la rivière des Outaouais, où un autre épisode de poissons morts était survenu. Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction de leur part par la suite, même deux semaines après les événements.
On retrouve cependant une intervention à Saint-Hyacinthe pour « mortalité de poissons » dans le registre d’Urgence-Environnement. Datée du 3 août, soit une semaine après la surverse, l’intervention est classée de catégorie 1, soit la plus faible en termes de conséquences environnementales. La matière et la quantité en cause sont inconnues et le dossier est classé « terminé ».
Ironiquement, l’OBV Yamaska était également déployé sur la rivière la semaine dernière, mais dans le cadre d’un tout autre projet visant à lutter contre la châtaigne d’eau, une espèce exotique envahissante. Cette plante aquatique peut en effet se répandre à grande vitesse à la surface de l’eau jusqu’à bloquer le passage de la lumière et réduire le niveau d’oxygène dans l’eau. La Ville de Saint-Hyacinthe a même contribué à ce projet à la hauteur de 5000 $. L’intervention se déroulait toutefois près du centre nautique de la rue Girouard, à quelques kilomètres en amont du déversement du 26 juillet.
Continuer le travail
En dépit du récent déversement, l’OBV ne peut donc que poursuivre ses projets visant à mesurer et à améliorer la qualité de l’eau de la rivière. Et il y a du travail à faire, a assuré Mme Paris. La chargée de projet à l’OBV a en effet rappelé que la Yamaska, particulièrement en aval de Saint-Hyacinthe, est déjà très polluée. La récente surverse ne fait ainsi que s’ajouter à « l’effet cumulé » des autres contaminants, agricoles et industriels notamment, en plus des autres surverses réalisées à l’année, car il s’en produit « malheureusement des milliers », a-t-elle indiqué.
Détentrice d’une maîtrise en écotoxicologie, elle planche par ailleurs sur un projet où les diatomées, de minuscules algues présentes dans les cours d’eau, joueront le rôle d’indicateurs quant à la santé de la rivière. Plusieurs stations seront réparties le long de la Yamaska à Saint-Hyacinthe pour mesurer la qualité de l’eau et les différents contaminants qu’on pourrait y retrouver.
Lou Paris a aussi averti qu’un déversement d’eaux usées (par extension de matières organiques) peut aussi favoriser l’apparition de cyanobactéries, ou algues bleues. Dans pareil cas, le cours d’eau se retrouve en effet surchargé de nutriments et la décomposition de ceux-ci consomme de l’oxygène et peut libérer des gaz toxiques. Des conditions défavorables à la grande majorité des organismes vivants, à l’exception des algues bleues, qui peuvent ainsi proliférer.
Des images récemment transmises par des citoyens, soit plusieurs jours après le déversement du 26 juillet, montraient par ailleurs un sillon de couleur verte dans l’eau de Yamaska, sans qu’il soit possible de savoir précisément de quoi il s’agit.