6 avril 2017 - 00:00
L’œil du Courrier dans le feu de l’action
Par: Rémi Léonard
« La statue représente bien la tristesse de cette journée. Le personnage semble comprendre à ce moment-là que le collège est perdu », a commenté le photographe 25 ans après avoir appuyé sur le déclencheur. Photo Patrick Deslandes | Le Courrier ©

« La statue représente bien la tristesse de cette journée. Le personnage semble comprendre à ce moment-là que le collège est perdu », a commenté le photographe 25 ans après avoir appuyé sur le déclencheur. Photo Patrick Deslandes | Le Courrier ©

« La statue représente bien la tristesse de cette journée. Le personnage semble comprendre à ce moment-là que le collège est perdu », a commenté le photographe 25 ans après avoir appuyé sur le déclencheur. Photo Patrick Deslandes | Le Courrier ©

« La statue représente bien la tristesse de cette journée. Le personnage semble comprendre à ce moment-là que le collège est perdu », a commenté le photographe 25 ans après avoir appuyé sur le déclencheur. Photo Patrick Deslandes | Le Courrier ©

Parmi tous les Maskoutains qui ont assisté au désolant spectacle de la destruction du Collège Saint-Maurice en 1992, rares sont ceux - hormis les pompiers - qui ont vu les flammes d’aussi près que le photographe du COURRIER Patrick Deslandes.


C’est en bonne partie ses clichés qui ont été dénichés dans nos archives et au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe pour imager ce dossier soulignant les 25 ans de cet événement marquant.

Photographe du COURRIER depuis environ trois ans, il se trouvait au bureau d’avocats Sylvestre au centre-ville de Saint-Hyacinthe le matin du 7 avril 1992. Une couverture tout ce qu’il y a de plus habituelle, jusqu’à ce que Jacques Sylvestre lui lance : « ça l’air qu’il y a le feu au Collège Saint-Maurice ».

En moins de deux, il prend contact avec le journaliste du COURRIER Michel Lamarche et se rend directement sur les lieux. L’un des premiers sur place, alors que les pompiers sont encore à arriver et à s’installer, il constate que de la fumée blanche s’échappe du toit, mais « rien à faire peur » à ce moment-là, s’est-il rappelé.

Il prend quelques clichés avec parcimonie, question de ne pas gaspiller ses précieux films. En 1992, il n’avait pas encore pris le virage numérique et utilisait des pellicules de 36 poses. « Je n’en avais pas tant que ça dans mon sac quand je suis parti. À un moment donné, il a fallu envoyer quelqu’un en acheter d’autres au magasin pour pouvoir continuer », a-t-il expliqué pour illustrer le décalage avec le matériel de notre époque. « Aujourd’hui, 36 poses, ça peut passer en quelques secondes. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière », a-t-il avoué en riant.

Pas de fumée sans feu

Moins d’une heure après son arrivée, la situation a cependant radicalement changé. « Le feu était hors de contrôle, on voyait des flammes dans chaque fenêtre. Je faisais le tour des bâtiments en prenant des photos, mais je ne savais plus où aller, il y avait du feu partout », a-t-il témoigné.

C’est à ce moment qu’il prend son plus beau cliché d’après lui : une statue de Saint-Joseph devant une arche en flamme (voir photo). « Il ventait et la chaleur commençait à être vraiment intense. Un pompier tout près m’a crié “OK, là on décolle” et j’ai fait la photo en me retournant pendant qu’on courrait », a raconté le photographe.

Après une grosse journée de travail, il doit encore aller faire développer ses pellicules au laboratoire. « Je me souviens que j’étais vraiment concentré pour ne pas faire d’erreur. Je savais que j’avais des photos très précieuses et qu’il ne fallait pas les perdre », s’est rappelé Patrick Deslandes.

L’image de la statue est finalement allée en pleine page au dos du cahier spécial consacré à l’événement par LE COURRIER. Transmag (l’imprimeur de DBC Communications) a d’ailleurs remporté un prix pour l’impression en couleur des photos du cahier lors du congrès de l’Association des industries de l’imprimerie d’Amérique, à San Diego en 1993.

Ce qu’il retient du 7 avril 1992, c’est aussi la tristesse sur les visages de ceux qui s’étaient massés près du collège. « Je voyais des gens pleurer. Moi-même, j’aimais beaucoup cet endroit. Les boiseries, les cadres, les escaliers, les craquements… il y avait vraiment un cachet d’époque. J’aimais toujours aller à des rendez-vous là-bas », a-t-il témoigné.

De retour sur place le lendemain, il constate qu’il ne reste que des décombres fumants, « comme une scène de bombardement de la Deuxième Guerre mondiale », a témoigné le photographe. 

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