26 novembre 2020 - 14:54
Saint-Hyacinthe attire les promoteurs immobiliers
L’offre, mais la demande?
Par: Martin Bourassa
C’est la cohue, voire la folie furieuse, dans le secteur immobilier et tout particulièrement du côté des résidences pour personnes âgées à Saint-Hyacinthe. Les promoteurs n’ont jamais été si nombreux et actifs, si l’on se fie aux dernières annonces rendues publiques.

Aux promoteurs locaux qui ont développé le marché avec vigueur ces dernières années, pensons entre autres au Groupe Robin, à Construction Fluet, à Gestion Rodier et à Jean-Denis Major, il faut désormais ajouter de gros noms dans le marché québécois des résidences pour aînés, à commencer par Groupe Sélection et le Groupe Maurice.

Ces deux derniers joueurs ne manquent pas d’ambition à Saint-Hyacinthe.

Depuis au moins quatre ans, Groupe Sélection essaie de réunir les conditions gagnantes pour faire pousser un complexe d’envergure au centre-ville, en bordure de la rivière Yamaska et du Centre des arts Juliette-Lassonde. La dernière mouture de son projet prévoyait la construction de 160 unités locatives, principalement pour les couples de 55 à 75 ans, bien qu’aucune limite d’âge n’ait été fixée par le promoteur.

Lors de la présentation du concept fridöm de 35 M$ à l’été 2019, Groupe Sélection visait une ouverture pour le printemps 2021. On peut oublier ça. Il avait sous-estimé la complexité des transactions nécessaires à sa réalisation et ne pouvait prévoir les bouleversements provoqués par une certaine pandémie. Et peut-être vient-il de se faire couper l’herbe sous le pied par le Groupe Maurice. À tout le moins, ce dernier risque de le prendre de vitesse.

Nos lecteurs ont pu voir et apprécier l’ampleur du projet immobilier que caresse Groupe Maurice et qu’il prévoit installer dans la cour du supermarché Provigo, en bordure du boulevard Casavant et à proximité du restaurant McDonald’s. On parle de construire 348 appartements dans deux ou trois tours variant entre huit et 14 étages, ce qui porterait la hauteur de la plus haute section quelque part entre celle du Sheraton et de l’hôpital Honoré-Mercier. C’est massif, mais ça ne jure pas trop dans l’environnement immédiat, même si certains prétendent que ce n’est pas la place pour une telle construction. Nous sommes plutôt d’avis contraire. Il est préférable de voir un promoteur jeter son dévolu sur un stationnement en bonne partie inutilisé qu’une terre agricole. Il faut aussi considérer le fait qu’il n’y a pas d’immeubles à acquérir, puis à démolir et de locataires à jeter à la rue. Seulement un changement de zonage à obtenir. Une simple formalité sans doute.

Groupe Maurice pourrait donc commencer son projet avant Groupe Sélection. Cela dit, il est quand même permis de se demander si la demande justifie la construction dans un avenir rapproché de quelque 500 logements de luxe pour retraités à Saint-Hyacinthe, sans compter les nombreux projets déjà en développement ou dans les cartons portés par nos promoteurs locaux.

Il est à espérer que tous ces promoteurs d’expérience s’appuient sur de récentes études de marché, car ça commence à faire beaucoup de projets semblables dans un milieu certes vieillissant, mais qui n’est pas reconnu pour sa croissance démographique exponentielle.

Peut-être faudrait-il aussi encourager davantage la revitalisation des quartiers par la rénovation des immeubles déjà existants et s’assurer qu’il y ait une offre de logements de qualité variée et abordable. S’assurer que l’offre réponde à la demande et aussi à la capacité de payer des citoyens. Nous n’avons rien contre les logements de luxe et absolument rien contre la création accélérée de logements sociaux, mais entre ces deux extrêmes, il y a toute une classe moyenne à considérer. Pour nombre de Maskoutains, le concept de logement abordable ressemble de plus en plus à une illusion.

Si vous cherchez un logement et suivez l’évolution du marché immobilier, vous savez que l’abordabilité a pris le bord. Selon les plus récentes données colligées par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, celles de septembre, le prix médian des maisons unifamiliales qui se sont vendues sur le marché de la revente dans l’agglomération de Saint-Hyacinthe était de 270 000 $, une hausse de 13 % depuis un an. Cette variation est même de 32 % (!) depuis cinq ans. C’est assez spectaculaire.

Simple petite question en terminant : votre salaire a-t-il augmenté à ce rythme pendant cette période?

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