2 juin 2016 - 00:00
Santé
Loi 10 : une fusion consommée?
Par: Rémi Léonard
L’affiche à l’entrée de l’Hôpital Honoré-Mercier porte encore la marque de l’ancien CSSS. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’affiche à l’entrée de l’Hôpital Honoré-Mercier porte encore la marque de l’ancien CSSS. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’affiche à l’entrée de l’Hôpital Honoré-Mercier porte encore la marque de l’ancien CSSS. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’affiche à l’entrée de l’Hôpital Honoré-Mercier porte encore la marque de l’ancien CSSS. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Plus d’un an après l’entrée en vigueur de la Loi 10 dans le secteur de la santé, peut-on affirmer que l’impact de cette réorganisation administrative s’est résorbé? Tout dépend à qui on pose la question.

À la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), on fait part que le travail de restructuration arrive à échéance. En un an, l’organigramme a été complètement refait, les postes ont été affichés et comblés, le nombre de cadres a fondu pour s’établir à 403, soit 142 postes de moins qu’avant la loi, et la mise en place du nouvel organisme – le centre intégré – s’est fait progressivement. Tout le monde tente maintenant de s’adapter à ce nouvel environnement, mais à travers le casse-tête administratif, les services aux patients sont restés dans la continuité et l’an 2 de la réforme permettra de les optimiser et de réduire les délais, a assuré la PDG, Louise Potvin.

L’opinion des syndicats de la santé est cependant toute autre. ll est clair qu’il y a eu « un ralentissement lié aux changements de structures », selon Richard Beauregard, président du Syndicat des professionnelles en soins de santé Richelieu-Yamaska (SPSSRY-FIQ). Il soutient que le réseau ne s’était même pas encore remis de la dernière vague de fusion, datant de 2003, qui avait vu l’apparition des Centres de santé et de services sociaux (CSSS). Richard Beauregard qualifie par ailleurs les manoeuvres du ministre Gaétan Barrette « d’insidieuses », parce qu’elles favorisent le privé au détriment du public, accuse-t-il en citant des exemples de certains services de radiologie ou de vaccination qui ne sont plus assurés au public. « À force de couper petit à petit, les listes d’attente s’allongent et les gens sont référés au privé », explique-t-il. Loin d’être optimiste pour l’avenir, il croit plutôt que « le rouleau compresseur est parti ».

Un pessimisme partagé par la Fédération de la Santé et des Services sociaux, affiliée à la CSN. « La situation ne va pas cesser de se dégrader », croit le vice-président pour la Montérégie, Steeve St-Onge, qui prédit même « une implosion du réseau à l’automne ». Pour lui, la Loi 10 n’a fait qu’amener « plus de bureaucratie » avec ses superstructures. « On ne peut pas aller plus gros que ça », ironise-t-il.

Steeve St-Onge accuse les libéraux d’avoir « tué le modèle québécois, pourtant réputé pour ses services sociaux ». La Loi 10 n’est cependant pas la seule responsable, puisqu’il pointe également du doigt l’austérité. « Il est d’ailleurs difficile de faire la différence entre l’effet simultané de l’austérité et de la Loi 10 » précise-t-il.

Les gestionnaires mettent leur grain de sel

Les cadres du réseau de la santé ne semblent pas non plus avoir digérés la fusion. L’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux du Québec (AGESSS) a fait paraître en avril un sondage mené auprès de 1 700 de ses membres, la plupart des cadres de premier niveau, où l’on apprenait notamment que la majorité d’entre eux ont rapporté une augmentation de leur charge de travail, un manque de temps pour y faire face et dit s’être senti stressé « la plupart du temps » dans la dernière année. « Bon nombre sont à bout de souffle », avertissait Yves Bolduc, le président de l’AGESSS, lors de la parution du sondage. « Il est important de connaître leur réalité et non simplement d’affirmer que tout va bien comme se complaît à le faire le ministre Barrette » affirmait-il.

Rappel des faits

Le 1er avril 2015, le CSSS Richelieu-Yamaska a été aboli en vertu de la Loi 10, faisant passer son réseau au sein du CISSS de la Montérégie-Est, qui a également regroupé les CSSS Pierre-Boucher et Pierre-de Saurel. Un centre intégré regroupant 510 000 habitants, 57 municipalités et 56 installations sur un territoire de 3 485 km2 était ainsi créé.

Particularité de ce nouvel organisme de 11 900 employés, il est aussi en lien avec les CISSS de la Montérégie-Centre et de la Montérégie-Ouest, qui ont chacun des responsabilités sur certains dossiers, par exemple les centres jeunesse pour la Montérégie-Est. Résultat, « parfois nous travaillons en pleine autonomie, parfois en partenariat, dépendamment des dossiers », explique Louise Potvin.

À l’échelle informatique, responsabilité de la Montérégie-Centre, on tente toujours de compiler les données des trois réseaux en un seul endroit pour faciliter les analyses. Ces trois établissements desservent au total une population de plus de 1,3 million de personnes sur l’ensemble de la Montérégie.

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