17 août 2023 - 07:01
Reportages sur le digestat à Radio-Canada
L’ombudsman rejette la plainte de Saint-Hyacinthe
Par: Sarah-Eve Charland
Les reportages de Radio-Canada sur le digestat ont été réalisés dans les règles de l’art, conclut l’ombudsman. Photothèque | Le Courrier ©

Les reportages de Radio-Canada sur le digestat ont été réalisés dans les règles de l’art, conclut l’ombudsman. Photothèque | Le Courrier ©

L’ombudsman de Radio-Canada a rejeté chacun des arguments de la Ville de Saint-Hyacinthe qui dénonçait deux reportages concernant l’utilisation de boues municipales comme fertilisant dans les champs. Il en conclut même que ces deux reportages incarnent la mission de Radio-Canada.

Selon la Ville, ces reportages diffusés à La semaine verte et à Enquête ont instauré un sentiment de peur et de panique ayant eu des effets sur la capacité de la Ville à valoriser les boues municipales et les matières d’usines agroalimentaires. Elle demandait la publication d’un communiqué corrigeant les informations qu’elle juge erronées et le retrait de ces émissions.

« Je rappelle que ni l’un ni l’autre des reportages visés par ces plaintes ne [dit] qu’il faut bannir l’épandage des biosolides. Ils informent le public à propos d’une pratique aux vertus écologiques reconnues, tout en révélant un risque pour la santé en raison de la présence potentielle de substances dont la réglementation est déficiente. En révélant ces informations, La semaine verte et Enquête ont agi dans l’intérêt public. Les mesures annoncées dans les semaines et les mois qui ont suivi en attestent éloquemment », répond l’ombudsman, Pierre Champoux.

Radio-Canada a fait l’objet de quatre plaintes, dont une d’Englobe Environnement. L’ombudsman a conclu que les normes journalistiques avaient été respectées dans tous les cas. « Cadrant parfaitement dans les mandats respectifs de leur émission, pourtant fort différents, ces reportages incarnent, selon moi, la mission de Radio-Canada d’informer, de révéler des faits, de contribuer à la compréhension d’enjeux d’intérêt public », répond l’ombudsman.

Après avoir rencontré des représentants de la Ville à l’usine de biométhanisation et des agriculteurs maskoutains, les journalistes racontaient que des agriculteurs américains, situés dans l’État du Maine, avaient tout perdu après avoir eu recours à des boues municipales, où se trouvaient des PFAS, dits contaminants éternels, pour fertiliser leurs champs. Selon Saint-Hyacinthe, les reportages ont laissé croire qu’il existe un risque de contamination avec les boues municipales.

On ajoute que le reportage de La semaine verte donne aussi une place démesurée à la présence de plastique dans le digestat produit par l’usine de biométhanisation de Saint-Hyacinthe, notamment en diffusant des plans rapprochés de résidus de plastique dans le digestat et des contenants de yogourt broyés. La Ville soutient que le digestat n’en contient qu’une quantité infime et conforme aux normes gouvernementales. On déplore dans la plainte que la journaliste n’ait pas spécifié l’angle du reportage lorsqu’elle est venue visiter les installations maskoutaines.

« Le travail des journalistes doit se faire à l’abri des pressions qui s’activent quotidiennement pour influencer leurs choix et leurs propos. Un reportage n’est pas un communiqué, un journaliste n’est pas un relationniste. Ainsi, en fouillant une histoire en apparence anodine, il arrive que sa curiosité l’amène à faire des découvertes susceptibles de changer le récit, voire d’inspirer d’autres reportages, comme cela a été le cas ici », mentionne M. Champoux.

Le conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe ne s’est pas encore positionné sur le suivi qu’il fera à la suite de la réponse de l’ombudsman. En mars dernier, la Ville n’excluait pas la possibilité d’entamer des procédures judiciaires. L’avocate de la Ville a affirmé à l’ombudsman qu’elle n’avait pas de mandat dans ce sens.

Une situation qui s’améliore

La directrice générale adjointe de la Ville de Saint-Hyacinthe, Brigitte Massé, ajoute que la situation s’est améliorée en ce qui a trait à la disposition du digestat.

« La Ville valorise la majeure partie de son digestat aux champs. Des visites de l’usine avec plusieurs producteurs agricoles sont prévues cet été avec la collaboration de l’UPA Vallée maskoutaine. Des changements dans nos pratiques de gestion des matières organiques nous ont permis de réduire à nouveau la présence déjà très faible de plastique dans notre digestat. Nous continuons évidemment à tester cette matière sur une base régulière et les résultats sont tout à fait conformes aux exigences, notamment en ce qui a trait aux PFAS », assure-t-elle.

En mars, le conseil municipal a autorisé une dépense de 150 000 $ pour installer des équipements supplémentaires de désemballage et de séparation de contenants de plastique, métal et autres.

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