31 août 2017 - 00:00
Le problème d’infiltration
Lorsque tout bascule 
Par: Sarah Daoust Braun
Philippe Bossé/K-Films Amérique

Philippe Bossé/K-Films Amérique

Philippe Bossé/K-Films Amérique

Philippe Bossé/K-Films Amérique

Le cinéaste Robert Morin et le comédien Christian Bégin font équipe dans Le problème d’infiltration, une œuvre puissante et glaçante sur les effets pervers du narcissisme.


Le docteur Louis Richard (Bégin), spécialisé en chirurgie des grands brûlés, mène en apparence une vie idyllique sur tous les plans. En une journée, sa vie bascule à coups de (petits) chocs qui s’additionnent, fissurant de plus en plus sa vision du monde, à l’image du problème d’infiltration d’eau qui affecte le sous-sol de sa maison. L’escalade commence au matin lorsqu’un patient insatisfait décide de le poursuivre en justice.
Robert Morin nous a habitués à un cinéma qui dérange et qui fait réfléchir. Il n’échappe pas à la règle avec cette dernière offrande, qu’il réalise, scénarise, monte et assure la direction photo d’une main de maître.
On suit Louis Richard au fil de sa rude journée dans une série de plans-séquences anxiogènes souvent tournés en plan rapproché, où sa personnalité détraquée se dévoile graduellement. Lorsque sa vie professionnelle, sa femme ou son fils dérogent à l’ordre du monde qu’il a établi, le docteur – contrôlant et égocentrique – n’hésite pas à le faire savoir, verbalement ou non.
Et peu à peu, le drame se transforme en quelque sorte en film d’horreur, Robert Morin instaurant un climat toujours plus oppressant où les extrêmes de lumière (noirceur angoissante et clarté aveuglante) s’entrecroisent. La scène où le protagoniste et sa femme Brigitte (Sandra Dumaresq) prennent une douche donne particulièrement froid dans le dos.
La force du long-métrage repose aussi sur les épaules de Christian Bégin, qui réussit à faire complètement oublier son image de joyeux épicurien pour ce premier grand rôle au cinéma. Son interprétation, intense à souhait, d’un homme qui perd le contrôle de sa vie « parfaite » est captivante et troublante. Le problème d’infiltration est l’une des belles surprises de l’été.

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