23 mars 2023 - 07:00
L’Ouvroir Sainte-Geneviève (1864-1963)
Par: Le Courrier
L’Ouvroir Sainte-Geneviève au début des années 1960. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger, photographe

L’Ouvroir Sainte-Geneviève au début des années 1960. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger, photographe

À l’origine, le terme « ouvroir » désignait un lieu où plusieurs personnes travaillaient ensemble. Plus tard, cette dénomination fut réservée aux salles où les religieuses se réunissaient pour travailler à différents ouvrages, surtout des travaux d’aiguille. Finalement, au XIXe siècle, on se mit à appeler ouvroir des maisons de charité dans lesquelles on faisait travailler des jeunes filles défavorisées sous la supervision de religieuses. L’Ouvroir Sainte-Geneviève correspond à ce type d’établissement.

En 1863, les Dames de la Charité, que l’on appelait alors les Sœurs Grises, de concert avec la société Saint-Vincent-de-Paul, ont l’idée de mettre sur pied une maison qui aiderait les femmes et les filles pauvres de Saint-Hyacinthe à se sortir de la misère.

Elles seront appelées à travailler quelques heures par jour sous la direction des Sœurs. Elles obtiennent, grâce à ce labeur, un petit salaire qui leur permet de vivre et elles apprennent en même temps un métier. Le but principal de cette démarche est de donner l’impression aux jeunes femmes de gagner leur vie plutôt que de bénéficier de la charité, ce qui peut laisser un goût amer.

L’Ouvroir commence ses activités dans une pièce prêtée par monsieur Lévis Gaudette sur la rue Saint-Simon. Puis, Maurice Laframboise et son épouse, Rosalie Dessaulles, grands admirateurs de l’œuvre, offrent aux religieuses une maison qu’ils possèdent sur la rue Concorde. L’Ouvroir y est officiellement fondé le 26 avril 1864. Chaque jour, douze femmes indigentes se présentent à l’Ouvroir.

L’une d’entre elles s’occupe des enfants, tandis que les autres s’adonnent à des travaux de couture et de tissage. Le produit de leur travail est vendu et, après avoir rétribué les ouvrières, on distribue le reste du bénéfice aux gens qui se présentent pour avoir de la nourriture et des vêtements. Les repas de la journée étaient également servis aux ouvrières et à leurs enfants.

Lors du grand feu de 1878, l’Ouvroir est épargné, mais il est devenu beaucoup trop petit pour répondre à la demande grandissante. Lambert Sarrazin achète donc pour les religieuses un terrain situé au coin des rues Sainte-Marie et Saint-Antoine. On y fait construire une maison qui accueille l’Ouvroir à partir du 8 septembre 1880.

À l’œuvre première de l’établissement, on ajoute une crèche où l’on accueille les orphelins de leur naissance à l’âge de trois ans. En 1909, les occasions d’emploi sont plus importantes en ville, ce qui fait que l’Ouvroir devient moins achalandé. On décide alors de convertir l’immeuble en hospice pour dames âgées.

En 1960, le maire Jacques Lafontaine écrit à la supérieure des Sœurs de la Charité, Mère Lachapelle, pour lui expliquer que les marchands du centre-ville font des pressions sur le conseil pour l’inciter à créer des stationnements hors rue. On offre donc aux Sœurs d’acheter l’Ouvroir et le terrain. Dans une lettre datée du 25 mars 1960, Mère Lachapelle informe le maire que la corporation des Sœurs de la Charité accepte de vendre le terrain pour la somme de 150 000 $. Cependant, la Ville propose 125 000 $, mais la contre-offre est refusée.

La Ville paiera donc le montant demandé par la congrégation. On accepte également de donner un délai de trois ans pour assurer une transition en douceur pour les dames âgées vivant toujours à l’Ouvroir. La Ville prend possession de l’édifice le 25 juillet 1963. L’immeuble est détruit le 6 septembre suivant afin d’y aménager le stationnement qui se trouve aujourd’hui à l’arrière de la pharmacie Jean-Coutu.

image