19 septembre 2024 - 03:00
L’usine Liberté de Saint-Hyacinthe passe à des intérêts français
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
L’usine Liberté de Saint-Hyacinthe compte 232 employés, dont environ 120 sont syndiqués. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

L’usine Liberté de Saint-Hyacinthe compte 232 employés, dont environ 120 sont syndiqués. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le poids lourd de l’industrie agroalimentaire General Mills vend sa division yogourts aux États-Unis et au Canada à Sodiaal et Lactalis, deux géants français du secteur laitier. La transaction comprend notamment les activités de Yoplait et Liberté au Canada, dont le site de production situé à Saint-Hyacinthe.

Lactalis, leader mondial des produits laitiers, achète les actifs de General Mills aux États-Unis, tandis que Sodiaal, première coopérative française du secteur, reprend ses actifs canadiens. La transaction évaluée à 2,1 G$ devrait être finalisée au cours de l’année 2025, sous réserve de l’approbation des autorités de la concurrence. Avec cet accord, Sodiaal pilotera les activités de Yoplait au Canada pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 500 M$.

La cession doit permettre à General Mills, qui possède entre autres Häagen-Dazs et Old El Paso, de se concentrer sur ses principales marques, qui dégagent des revenus plus importants.

« Nous sommes fiers d’avoir signé cet accord avec General Mills pour reprendre les activités de nos marques Yoplait et Liberté au Canada. Ce projet confirme le retour de Yoplait dans le giron de la coopérative, une véritable marque patrimoniale nationale qui fait la fierté de nos agriculteurs sociétaires et de nos collaborateurs. Cette acquisition renforce notre présence dans le monde et valorise notre expertise laitière française, appréciée outre-Atlantique », a déclaré Jean-Michel Javelle, président de Sodiaal, par voie de communiqué.

Pas une surprise

L’usine de Saint-Hyacinthe, qui produit du yogourt traditionnel et du yogourt grec pour les marques Liberté et Yoplait, compte environ 120 employés syndiqués sur un total de 232.

« Ce n’est pas vraiment une surprise pour les travailleurs de l’usine, explique la porte-parole syndicale Roxanne Larouche. Des rumeurs circulaient depuis environ deux ans. Dans l’ensemble, la nouvelle est vue d’un bon œil, même si elle vient avec son lot d’incertitude. On ne sait pas encore comment va se comporter le nouvel acquéreur, mais pour l’instant, nous n’avons aucune indication qui va dans le sens d’une réduction des effectifs ou d’une éventuelle fermeture de l’usine. »

Concernant le renouvellement de la convention collective qui vient à échéance le 31 janvier 2025, Mme Larouche dit que le processus de négociations était déjà amorcé à l’interne et que les pourparlers devraient commencer prochainement avec le nouvel employeur.

Retour aux sources

Mme Larouche mentionne également que beaucoup de travailleurs de l’usine saluent l’expertise dont jouit Sodiaal à l’international, alors qu’elle détient déjà les activités de Yoplait en Europe et assure la gestion de ses franchises dans 40 pays à travers le monde.

C’est un retour aux sources pour Yoplait qui a été créée par un groupe de producteurs laitiers français en 1965. La marque s’est ensuite associée à General Mills en 1977, dans le cadre d’un accord de franchise donnant au fabricant les droits exclusifs de commercialisation aux États-Unis. Après le rachat des activités européennes de Yoplait à General Mills, en 2021, Sodiaal complète finalement le rapatriement de Yoplait dans ses actifs avec cette transaction et renforce sa position en tant qu’acteur de premier plan sur le marché mondial des produits laitiers.

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