Lors de cette soirée, cinq drag queens de Montréal et de Québec viendront célébrer la « retraite » de Madame Popcorn, soit Réglisse, Kimber Lay, Ciatha Night, Megan Cartier et La Dorris. L’ambiance promet d’ailleurs d’être festive puisque le spectacle sera présenté à guichets fermés. « Ça va être comme un gros party final », lance Luc Leblanc en entrevue téléphonique avec LE COURRIER.

Au menu, les numéros fétiches de Madame Popcorn seront présentés. Il y aura, entre autres, sa parodie de « Je suis malade » de Lara Fabian, chantée autour d’une cuvette, et son impressionnant « Sister Act » avec un costume à grand déploiement.

Les spectateurs auront aussi droit à son incontournable interprétation de la chanson « Le clito » de Rock et Belles Oreilles, un numéro phare de son répertoire avec un autre costume extravagant. « Ce numéro-là m’a toujours suivi. Quand je ne le fais pas, les gens me le font savoir », dit-il en souriant.

Pour faire rire et divertir

Luc Leblanc se souvient de la première fois qu’il a vu un spectacle de drag queen. C’était en 1994, au cabaret L’Entre-peau, que l’on connaît aujourd’hui comme étant le Cabaret Mado. Sans le savoir, une nouvelle passion venait de se développer chez lui.

« J’avais des amis qui y allaient et ils m’ont dit de venir avec eux. J’y suis allé de reculons, mais j’ai tellement ri. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Les numéros étaient extraordinaires et les costumes étaient parfaits. [À partir de ce moment], je voulais faire ça. Pendant le spectacle, ils ont annoncé un concours. Je me suis inscrit et je l’ai gagné », se remémore-t-il.

Ayant toujours eu le désir de devenir comédien, Luc Leblanc a vu à travers la drag une manière de divertir et de faire rire en montant sur scène. Le fait de remporter le concours alors qu’il n’avait aucune expérience lui a confirmé qu’il avait sa place sur scène en se glissant dans la peau d’une femme.

Le Dyonisien a été aux premières loges de cette évolution de la culture drag queen. Cet art de la scène, jadis associé uniquement à la scène underground, s’est démocratisé et fait maintenant partie de la culture populaire.

« Quand j’ai connu ça, ce n’était pas des drag queens. On appelait ça des personnificateurs féminins. On représentait une femme sur scène le mieux possible, explique-t-il. Maintenant, ça a dépassé ça, c’est rendu autre chose la drag queen. »

Bien que le cabaret L’Entre-peau ait lancé sa carrière, Luc Leblanc a surtout fait sa marque par ses propres moyens durant sa carrière de drag queen.

« Je me suis mis à faire mes propres spectacles et c’est à ce moment que j’ai changé mon nom de scène pour Madame Popcorn, mentionne celui qui se démarque plutôt par la comédie que par un look de femme fatale. J’ai voyagé pas mal au Québec. Je suis allé à Rouyn-Noranda en avion une bonne dizaine de fois. Pour moi, c’était le fun parce que je suis sorti des clubs et j’ai fait des salles. J’ai quand même fait le Spectrum – une salle qui n’existe plus aujourd’hui – à Montréal! »

Ses numéros ont même attiré l’attention de Lara Fabian et de Lynda Lemay, un honneur pour Luc Leblanc.

« Elles s’étaient déplacées pour venir voir les numéros que je faisais avec leurs chansons. J’étais tellement content de savoir que ces artistes étaient venues me voir parce qu’elles avaient entendu dire qu’une drag queen faisait leurs chansons d’une manière différente. »

Maintenant âgé de 51 ans, l’homme derrière Madame Popcorn estime avoir fait le tour de son personnage de scène et est prêt à laisser la place aux plus jeunes, qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à faire de la drag.

S’il a choisi de faire son dernier spectacle à Saint-Hyacinthe, c’est que Luc Leblanc a un attachement particulier à la région. Plusieurs membres de sa famille y habitent, puis les derniers spectacles qu’il a faits ici ont été un succès. Pour son dernier tour de piste, Madame Popcorn s’est donné une seule mission, la même qui l’a motivée tout au long de sa carrière : « Je veux que les gens rient et s’amusent. »