L’ère de la démondialisation a sonné, a prévenu le premier ministre François Legault, face au protectionniste des nations et aux menaces américaines de limiter les exportations de produits médicaux au Canada. Et il a bien raison. Il faudra plus tôt que tard tourner le dos aux pays à bas prix pour nous fournir en produits de base et stratégiques.
Car jamais au cours des derniers jours nous ne nous sommes tant interrogés, voire inquiétés, de la provenance de ce qui nous entoure, entre autres des équipements et autres produits essentiels pour soigner nos malades, et de ce que nous mangeons.
On réalise de plus en plus qu’il ne fait pas bon dépendre des autres pour répondre à nos besoins fondamentaux. Le réveil a été brutal – et il pourrait l’être encore davantage d’ici la fin de la crise- mais ô combien nécessaire.
Le Québec est fragile et à risques dans bien des domaines, nous révèle cette crise aux multiples ramifications. Il faudra donc revisiter, réinventer et se rapproprier le bon vieux Maître chez nous de Jean Lesage. Nous devrons même déployer une Révolution tranquille 2.0. Mais en accéléré si possible.
Collectivement, il faudra procéder à un examen de conscience et faire des choix sensés pour reprendre le contrôle de nos affaires, de notre santé et de notre vie.
Sur le plan individuel, la réflexion devra aussi se faire en profondeur.
On devra questionner nos pratiques, nos habitudes et nos choix. S’interroger davantage comme humain d’abord, puis en tant que consommateur responsable.
À cet effet, il faut saluer et encourager les nombreuses initiatives qui prônent l’achat local. Les initiatives qui se développent chez nous comme dans le reste de la province, mais qui tendent vers le même objectif. Plus que jamais, le local, voire le microlocal, s’impose. Car aider un commerce de la place, c’est aider directement son voisin pour qu’il puisse ensuite nous aider en retour. L’achat local, ce n’est pas tant une dépense qu’un investissement rentable, en temps de pandémie comme en temps d’allégresse.
Dans ce vaste retour à l’autosuffisance et à la souveraineté, il est aussi permis de s’interroger sur le rôle que pourrait jouer la collectivité maskoutaine.
Jean Bédard, le grand manitou du Groupe Sportscene, nous confiait en début de crise qu’il n’était pas trop inquiet pour la région de Saint-Hyacinthe, en bonne partie grâce à ses racines et à son créneau d’excellence dans l’agroalimentaire.
Effectivement, il y aura sans doute des opportunités à saisir ou à consolider dans un concept de souveraineté alimentaire. Et nous avons déjà les ressources, les terres, les institutions de formation, l’expertise, les chercheurs et les jeunes pousses parmi nos PME pour tirer notre épingle du jeu encore davantage dans ce domaine. Mais dans les autres?
Pour la souveraineté industrielle, c’est autre chose. Il y a belle lurette que Saint-Hyacinthe n’est plus une référence dans le domaine textile, entre autres. Mais nos entrepreneurs sont ingénieux, innovants et débrouillards. Plusieurs pourront saisir des opportunités. On l’a vu la semaine dernière avec 3B Hockey qui délaisse temporairement la production de chandails de hockey pour la confection de blouses médicales. Il reste bien peu de choses du côté textile sur lesquelles reconstruire, outre bien entendu le centre de transfert technologique du Cégep de Saint-Hyacinthe. Ce n’est quand même pas rien et la crise actuelle pourrait lui donner des ailes. C’est à souhaiter. Au point de relancer la formation textile de pointe? Pourquoi pas. Rêvons grand!
Peu importe son domaine d’expertise, chaque entrepreneur est maintenant appelé à penser en dehors de la boîte. Comme la Distillerie Noroi qui a contribué à l’effort de guerre en modifiant son alambic de gin pour produire du désinfectant avec l’aide de JEFO. Le temps est aux idées nouvelles et porteuses ainsi qu’aux alliances stratégiques à Saint-Hyacinthe comme ailleurs au Québec. Il suffit d’y croire et de s’en souvenir.