En quelque 50 ans de carrière, Marc Messier n’avait jamais mené un projet solo sur scène. Avec la fin de la tournée de la pièce de théâtre Broue, qui l’a tenu bien occupé pendant de nombreuses années, il a décidé que le moment était venu de concrétiser cette idée qu’il gardait en tête depuis plus de 20 ans.
« Ce qui m’attire maintenant dans ma carrière, ce sont des choses que je n’ai encore jamais faites », affirme le comédien de 74 ans dans une entrevue téléphonique avec LE COURRIER.
Quelque part entre l’humour et le théâtre, ce spectacle est décrit comme étant « intime et parfois poétique ». Dans un récit personnel et comique, Marc Messier revient sur différentes époques de sa vie en jouant des personnages.
« Je n’ai pas l’impression que c’est extrêmement différent de ce que je faisais avant sur scène. Le seul changement, c’est que je m’adresse directement aux gens alors qu’avant, il y avait le quatrième mur », soutient celui que l’on connaît aussi principalement pour ses rôles à la télévision dans les émissions Les Boys et La Petite vie.
On le voit notamment discuter avec son ego, cette petite voix intérieure qui caresse la fierté, mais qui peut aussi brouiller l’esprit. « Mon ego me fait faire des choses avec lesquelles je ne suis plus trop d’accord5», lance-t-il en riant au bout du fil.
Touche maskoutaine
Bien qu’il soit natif de Granby, Marc Messier a habité à Saint-Hyacinthe pendant près de six ans à la fin de son adolescence et au début de sa vie d’adulte. C’est au cours de cette période qu’il a commencé à faire du théâtre… et qu’il dit avoir rencontré pour la première fois son ego, celui dont il parle dans son spectacle.
Son souvenir de ces années passées à Saint-Hyacinthe est encore très précis dans sa mémoire. Il avait fait les trois dernières années de son cours classique au Séminaire – « on avait une troupe de théâtre avec les filles du Collège Saint- Maurice », se remémore-t-il – avant de faire partie de la toute première cohorte de l’option théâtre du cégep maskoutain, aujourd’hui connue comme l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe.
« J’ai eu beaucoup de plaisir à faire le programme de théâtre [au cégep]. On était un groupe dynamique. On a joué beaucoup devant public, on a dû faire une quinzaine de pièces, raconte-t-il en faisant le parallèle avec le programme offert au Conservatoire d’art dramatique de Montréal qui était beaucoup plus théorique à ce moment. On s’est aperçu qu’on avait beaucoup de millage comparativement à eux, qui avaient peu joué devant public. Par contre, en auditions, c’était plus difficile parce que les gens ne connaissaient pas encore l’école de théâtre, ils ne savaient pas ce qu’on valait. »
Pendant qu’il complétait ses études, Marc Messier a même été journaliste au Courrier de Saint-Hyacinthe. « J’y ai travaillé pendant un été, en 1970. J’avais été affecté aux faits divers et aux affaires agricoles », se rappelle-t-il, semblant avoir été marqué par les nombreuses saisies de drogues dans les champs qu’il avait couvertes.
Ironiquement, son coloc travaillait au même moment pour Le Clairon de Saint-Hyacinthe, alors rival du Courrier avant que les deux journaux ne se retrouvent sous un même toit. « À l’époque, Le Clairon était le journal plus de gauche », se souvient-il.
C’est d’ailleurs avec un grand plaisir que Marc Messier revient chaque fois à Saint-Hyacinthe, la tête chargée de souvenirs. En plus de venir présenter son spectacle Seul… en scène, le comédien remontera sur la scène du Centre des arts Juliette-Lassonde en janvier pour la pièce de théâtre Neuf [titre provisoire], dont la représentation avait dû être repoussée en raison de la pandémie.