27 octobre 2022 - 07:00
Marché immobilier maskoutain : la frénésie se calme
Par: Adaée Beaulieu

La hausse des taux d’intérêt hypothécaires n’est pas sans faire sentir son effet dans le marché immobilier au Québec et la région maskoutaine n’échappe pas à la tendance : la frénésie qui a poussé les prix vers des sommets inégalés depuis 18 mois semble belle et bien en voie de se résorber.

C’est ce que traduisent les plus récentes statistiques de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) pour l’agglomération de Saint-Hyacinthe, qui regroupe aussi les municipalités de Saint-Simon et de Saint-Dominique, et nos échanges avec des courtiers actifs dans la région.

Dévoilées le 13 octobre, les données du troisième trimestre de 2022 tendent vers un retour à la normale, après des mois complètement fous où les offres multiples étaient devenues monnaie courante dans un contexte de surenchère et de surchauffe immobilière.

Ainsi, la région de Saint-Hyacinthe a enregistré une baisse des transactions résidentielles de 17 % pour ce troisième trimestre, celles-ci étant réparties similairement entre les catégories résidentielles, note l’APCIQ. La plus faible baisse concerne les petites propriétés à revenus (-15 %), alors que la plus importante s’est produite pour les copropriétés (-17 %).

Les prix médians des unifamiliales sont malgré tout en hausse par rapport au troisième trimestre de l’année passée (+24 %) affichant un prix médian de 406 310 $. Sauf qu’au regard du second trimestre de 2022, on remarque une baisse de 10 % du prix médian des unifamiliales, au même titre que la tendance provinciale.

Au deuxième trimestre, le prix médian de l’unifamiliale avait atteint un sommet de 444 500 $ à Saint-Hyacinthe comparativement au prix médian de 340 000 $ au troisième trimestre de 2021.

Outre le prix, les ventes des propriétés toutes catégories confondues (unifamiliale, condo et plex) ont aussi reculé au cours de l’été, passant de 200 au deuxième trimestre à 119 au troisième trimestre. C’est un chiffre qui se compare quand même avantageusement à ce qu’il était un an plus tôt, alors que 102 transactions avaient été recensées au troisième trimestre de 2021. Pour l’unifamiliale, les inscriptions en vigueur ont bondi de 23 % au troisième trimestre (56) et le délai de vente s’est maintenu à 24 jours (-1) en moyenne, comparativement à la même période l’an dernier.

Retour à la normale… ou presque!

Comme l’explique le courtier immobilier Benoît Bienvenue, du Groupe du même nom, il y a actuellement un certain rééquilibre entre l’offre et la demande. Il y a plus de maisons à vendre et elles le restent plus longtemps. Par exemple, il y a environ 62 maisons unifamiliales affichées sur le réseau Centris en ce moment dans la région maskoutaine et, de ce nombre, environ le tiers a des offres d’achat acceptées. À l’hiver 2022 et, même plus récemment, en juin et en juillet, il n’y avait jamais plus de 40 maisons en vente et environ 80 % avaient des offres d’achat acceptées, selon ses estimations.

Les délais de vente des maisons sont passés de quatre à cinq jours il y a deux mois à peine à une période qui peut maintenant s’étirer sur un mois. « La hausse des taux d’intérêt incite les acheteurs à attendre que les prix des maisons baissent encore, affirme M. Bienvenue. C’est une correction du marché normale dans les circonstances actuelles. » Le ralentissement se fera sentir encore davantage en début d’année 2023, selon lui.

Bonne nouvelle pour les acheteurs, la surenchère devrait, elle aussi, s’estomper tranquillement, bien qu’elle soit encore présente dans le marché maskoutain.

Pierre-Luc Latour, courtier immobilier de l’Équipe PJM chez Re/Max Renaissance, cite le cas d’une fermette des environs qui a été visitée 35 fois et pour laquelle les propriétaires ont reçu une dizaine d’offres. Ceux-ci l’ont finalement vendue 140 000 $ de plus que le prix affiché. Du côté du Groupe Benoît Bienvenue, les surenchères records ont atteint 150 000 $ et 155 000 $ à l’hiver 2022. Dans une autre ville de la Rive-Sud, M. Latour a pour sa part vu une surenchère atteindre 200 000 $ de plus que le prix demandé à l’origine.

Pour ce qui est du phénomène des offres multiples, les courtiers notent qu’il y en a maintenant autour de trois en moyenne par transaction.

On assiste aussi au retour des offres d’achat conditionnelles à la vente d’une autre maison et l’ajout de certaines clauses dictées par l’acheteur éventuel. « On souhaite que ça reste comme ça et que les acheteurs retrouvent un certain pouvoir de négociation, pouvoir qui s’était perdu pas mal ces derniers mois quand les gens étaient désespérés et prêts à tout pour acheter la maison convoitée », souligne Charles Dussault, courtier de la bannière Re/Max Renaissance.

« Le marché est encore assez actif à Saint-Hyacinthe. Il a ralenti depuis quelques mois, mais il est encore fort. On représente la dernière couronne de Montréal, donc il y a beaucoup de gens qui se sont déplacés de la Rive-Sud et ont étiré leurs recherches pour s’en venir à Saint-Hyacinthe », conclut Pierre-Luc Latour.

Rappelons que Saint-Hyacinthe figurait parmi les endroits au Québec où le plus de ventes de maisons unifamiliales se sont soldées par une surenchère en 2021. Une maison sur trois s’est vendue au- dessus de 10 % du prix demandé.

L’APCIQ s’était basée sur les données Centris pour tirer ces conclusions.

Parmi les régions métropolitaines de recensement analysées, Saint-Hyacinthe s’était retrouvée parmi les plus touchées en 2021 avec 33 % des transactions d’unifamiliales se terminant avec plus de 10 % de surenchère, soit un peu plus de 130 sur près de 400 transactions en 2021. C’est la RMR de Gatineau qui avait obtenu le pourcentage le plus élevé avec 36 %.

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