Le 3 mars, le curé de Saint-Hyacinthe, Guy Pelletier, a annoncé aux paroissiens que l’offre d’achat avait été acceptée moins d’un mois auparavant. Au grand désarroi des citoyens, l’église serait démolie pour construire possiblement des immeubles à logements multiples.
Toutefois, ce n’est pas encore gagné puisque la Ville a annoncé récemment qu’aucune demande de changement de zonage touchant les bâtiments religieux ne serait analysée par le conseil municipal. Les églises garderont le zonage institutionnel, excluant tout projet privé de construction résidentielle. Cette information a été réitérée, le 4 mars, par le conseiller du district Saint-Thomas-d’Aquin, Guylain Coulombe, en entrevue avec LE COURRIER. Il a également confirmé que M. Marcil n’avait pas encore déposé de dossier à la Ville pour ce projet. De plus, s’il advenait qu’une démarche soit entreprise pour modifier le règlement de zonage, les citoyens devraient avoir leur mot à dire. Selon le curé, l’avenir de l’église pourrait être scellé seulement dans un an.
Opposition marquée
Tout comme M. Coulombe, qui préférerait que la Ville acquière le terrain pour y aménager un parc, plusieurs paroissiens présents lors de l’annonce se sont opposés à ce que l’église soit vendue à un promoteur immobilier. Ils auraient préféré qu’elle soit donnée à la Ville pour 1 $ comme cela s’est fait dans d’autres municipalités par le passé.
Ils ont été nombreux à reprocher au curé et aux marguilliers d’avoir sauté sur la première offre qui leur a été faite sans se pencher sur d’autres opportunités. L’intervention d’une paroissienne a même suscité un torrent d’applaudissements. « C’est une offre inégalable », a simplement répondu le curé.
À plusieurs reprises avant et après les interventions, il a invité les paroissiens à aller au-delà de leurs premières émotions. « Je sais que la décision de vendre l’église peut engendrer de la tristesse et de la colère, mais il faut les dépasser pour réfléchir rationnellement », a-t-il répété. Il a rappelé les différents éléments à analyser lors de la prise d’une telle décision, tels que la dimension économique, la motivation de la communauté, la valeur du bâtiment et les travaux que celui-ci nécessite.
Guy Pelletier a également profité de la rencontre pour annoncer que le Diocèse a comme objectif de faire de la ville de Saint-Hyacinthe une seule et même paroisse d’ici un à deux ans. Elle conserverait le nom de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, dont fait partie actuellement l’église de Saint-Thomas-d’Aquin.
Long processus
C’est Anthony Marcil qui a approché le curé et son équipe il y a presque deux ans pour leur faire la proposition alors qu’ils étaient déjà en pleine réflexion quant à l’avenir de l’église. Une seule messe y est dite le dimanche alors qu’il en faudrait de deux à trois par semaine, comme à une certaine époque, pour la rentabiliser. De plus, l’église est remplie à moins de 50 %, soit avec 80 à 120 paroissiens, lors de l’unique messe hebdomadaire. Aussi, d’ici cinq ans, le curé se retrouvera seul à dire les messes dans l’ensemble de la ville, car les trois vicaires se font vieillissants. Il a affirmé que cela sera impossible si le nombre d’églises demeure inchangé.
Une première rencontre a eu lieu avec M. Marcil en juin 2023, suivie d’une résolution déposée auprès de l’Évêché en octobre de la même année, demandant l’autorisation d’entamer la démarche de vente. L’aval a été reçu quelques jours plus tard. Toutefois, il aura fallu plus d’un an pour que la signature de l’offre d’achat se concrétise afin de démêler les aspects juridiques. Tout comme lors de la vente du presbytère, une clause comprise dans le document du don du terrain par deux couples de paroissiens à la fin des années 1800 devait être levée, car elle obligeait à ce que cet espace serve essentiellement pour les œuvres catholiques.
En échange de son don, un des couples s’est prévalu de son privilège d’être inhumé dans la cave de l’église au moment du décès des conjoints. Ils y reposent toujours aujourd’hui. Si Anthony Marcil acquiert le terrain, lui qui possède aussi le Complexe funéraire Ubald Lalime, il veillera à l’inhumation dans un nouveau lieu à la convenance de la famille des défunts.