Dans cette pièce, qu’elle a écrite et mise en scène en plus d’en faire l’interprétation, Marie-Ève Perron parle de la mort de son père et du deuil qu’elle a traversé.
« Mon père [Roger Perron] était un petit gars de Sainte-Rosalie. Il a été procureur de la couronne à Saint-Hyacinthe jusqu’à ses 64 ans et il a terminé ses jours au CHSLD à Saint-Hyacinthe », raconte la comédienne, dont la personnalité pétillante contraste avec le thème qui porte le spectacle.
« Dans tout mon accompagnement avec lui, alors qu’il avait une maladie dégénérative, je trouvais que je manquais de ressources, poursuit-elle. Je ne savais pas comment parler de ce que je vivais, je ne savais pas comment métaboliser les émotions que je traversais. Quand il est décédé, la plongée dans le deuil a été vertigineuse et mon sens de la vie était un peu mêlé. »
Sa quête personnelle pour traverser cette épreuve s’est transformée peu à peu en processus créatif. De là est née De ta force de vivre, une pièce qui se veut lumineuse, à l’image de la comédienne, malgré la densité du sujet abordé.
« S’il y a une expérience qu’on sait qu’on n’aura pas le choix de vivre de près ou de loin, c’est la mort, que ce soit la sienne ou celle d’un proche. Je me disais : comment ça se fait qu’on est aussi peu outillés face à ça? Moi-même, j’ai manqué d’outils avec mon père. Je ne savais pas comment en parler avec lui. Je ne savais pas s’il fallait que j’en parle ou non [de la mort]. C’est venu avec plein de culpabilité après, mais je me suis dit : ça va faire! Je me suis lancée dans ce projet-là avec une envie de créer une boîte à outils pour les endeuillés pour mieux parler de la mort. »
Même si elle est seule sur scène, Marie-Ève Perron est en dialogue constant, par le biais d’extraits sonores, avec ses pensées et les propos de spécialistes qu’elle a rencontrés dans le cadre de sa démarche pour faire face au deuil.
« Ce show-là, c’est la quête d’une vivante, lance la Maskoutaine d’origine. […] Je ne veux pas que les gens sortent de là en étant dépités. J’ai envie qu’on se sente vivant en fait. »
En plus de la pièce de théâtre, Marie-Ève Perron a créé un balado de cinq épisodes appelé On va tous y passer pour décortiquer le sujet de la mort et du deuil sous différents angles.
Des racines bien maskoutaines
Même si elle habite à Montréal depuis de nombreuses années, Marie-Ève Perron garde toujours un attachement fort pour son Saint-Hyacinthe natal.
« J’ai fait tout mon secondaire au Collège Saint-Maurice et j’ai fait mon cégep en Arts et lettres à Saint-Hyacinthe avant de partir à Montréal. Toute ma famille Corbeil et Perron habite encore dans les alentours, souligne la comédienne. Ma compagnie de théâtre, Fille/de/Personne, est aussi domiciliée ici depuis sa création. »
Un appui financier du Conseil de la culture de Saint-Hyacinthe lui avait même été accordé pour la création de sa pièce De ta force de vivre, en plus des subventions qu’elle a obtenues du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada.
Après plus d’une cinquantaine de représentations de ce spectacle, la représentation que Marie-Ève Perron offrira au Centre des arts Juliette-Lassonde pourrait d’ailleurs marquer la fin de la tournée. Du moins, c’est ce qui est prévu pour le moment.
« Ça va être significatif pour moi de venir à Saint-Hyacinthe avec ce spectacle, surtout parce que mon père est associé à la ville. Il y a quelque chose de très lumineux pour moi là-dedans », conclut-elle.