Même si vous habitez maintenant Outremont, vous n’avez jamais renié vos origines maskoutaines. Quelle place occupe Saint-Hyacinthe dans votre vie?
« Une place primordiale! J’ai toujours été très fier de mes origines, des institutions et des réussites maskoutaines. Je suis un petit gars du quartier Annexe, rue Jolibois. Mon père a été mécanicien toute sa vie chez Concorde Automobile et il n’a jamais manqué une journée d’ouvrage. Il est décédé en janvier dernier, mais ma mère vit toujours ici et j’y conserve encore de nombreux amis. Je m’intéresse étroitement à tout ce qui se passe à Saint-Hyacinthe et je n’écarte pas l’idée de revenir m’y installer à mes vieux jours. En attendant, je joue à fond mon rôle de fier ambassadeur. »
Vous êtes gradué de la promotion 1979 du Séminaire de Saint-Hyacinthe. Comment avez-vous vécu la fermeture du Collège Antoine-Girouard?
« Cette fermeture, je ne l’ai pas encore acceptée. Je ne comprends pas ce qui est arrivé et j’en ai été bien désappointé. C’est un gros gaspillage de ne pas avoir réussi à maintenir ça en vie. C’est une perte identitaire énorme pour moi et pour tous mes anciens confrères. Il faut savoir que ce sont mes études au Séminaire qui m’ont construit en tant qu’homme, tant au niveau personnel que professionnel. C’est là que j’ai découvert une passion pour les affaires sociales et la musique, entre autres. À cette époque, j’étais président de classe et je composais de la musique au piano. »
Au niveau professionnel, vous avez connu un cheminement peu banal. Quelles en ont été les grandes étapes?
« J’ai fait un double DEC en administration et en musique, puis j’ai décidé de faire mon droit sur un coup de tête, et de m’inscrire à l’Université de Sherbrooke. J’ai passé mon Barreau en 1985 et pratiqué pour de grands cabinets, dont Stikeman Elliott et Ogilvy Renault. En 1992, je suis devenu, à 27 ans, associé chez Woods, Brouillette, Des Marais. Trois ans plus tard, je fondais avec deux associés le cabinet Brouillette, Charpentier, Fournier, rebaptisé BCF. De trois avocats et sept employés en 1995, nous sommes maintenant le 5 e plus gros cabinet au Québec, le second plus grand parmi les indépendants avec quelque 375 employés, dont 220 professionnels et 150 avocats, dont cinq ex-Maskoutains comme moi. J’occupe le poste d’associé directeur de BCF. L’an prochain, je fêterai mes 30 ans de pratique et les 20 ans de BCF, une firme qui compte parmi ses clients Bombardier, Québecor, le Canadien de Montréal, le Grand Prix de Montréal et même Prevtec Microbia, une jeune entreprise de Saint-Hyacinthe au fort potentiel. »
On vous connaît aussi pour vos implications politiques passées comme président de l’Action démocratique du Québec (ADQ) et ex-grand argentier de la Coalition Avenir Québec (CAQ). D’où vous vient cet intérêt pour la politique?
« Je suis nationaliste, sans pour autant être indépendantiste. J’ai toujours eu un faible pour la politique et de l’admiration pour les grands hommes politiques. J’ai été un admirateur de Robert Bourassa, un grand nationaliste, qui est en quelque sorte mon inspiration. Au niveau fédéral, Brian Mulroney m’a profondément marqué. Mario Dumont avait aussi un grand talent et j’aime les idées de François Legault. Comme lui, je pense que la place du Québec est dans le Canada, mais que nous devons aussi nous faire respecter. François Legault s’en va clairement dans cette direction et j’ai le goût de l’aider. »
Aux dernières élections provinciales, les électeurs maskoutains ont succombé aux charmes de la CAQ et de sa candidate Chantal Soucy? Pourquoi croyez-vous qu’elle sera une bonne députée?
« C’est une jeune femme de grand talent qui a un vif intérêt pour la chose publique. Elle démontre beaucoup de volonté et ne lâchera pas le morceau facilement. Je lui avais conseillé le comté de Saint-Hyacinthe, car je savais qu’elle avait le bon profil pour s’y démarquer. Les Maskoutains aiment les politiciens qui sont à leur affaire et qui s’occupent d’eux. Elle va vous en donner du service! Je savais aussi que le fait qu’elle ne soit pas originaire de la place pourrait lui nuire et je l’avais mis en garde. Cela dit, je ne serais pas surpris qu’elle décide de s’installer dans le comté d’ici la fin de son mandat, si sa situation familiale s’y prête bien entendu. »
Vous semblez doué pour la controverse si l’on considère qu’en tant qu’ancien candidat de l’ADQ dans Brome-Missisquoi vous aviez traité Jean Charest de « coquille vide ». Vous avez aussi reçu deux constats d’infraction du Directeur général des élections (DGE) pour une affaire de financement excédentaire, une situation qui a provoqué votre retrait de la course comme candidat de l’Équipe Denis Coderre dans Outremont lors des élections municipales de novembre 2013.
« Je n’ai jamais eu la langue de bois et je dérange beaucoup de gens, mais règle générale je n’aime pas la controverse et je ne la recherche pas non plus. En ce qui concerne le DGE, je conteste les deux constats [en septembre]. Je n’ai rien à me reprocher. S’il y a eu une erreur administrative, je n’ai pas à payer pour cela. Pour le reste, j’aime mieux l’arrière-scène politique que les feux de la rampe. Je n’ai pas de grandes ambitions politiques, ni les moyens d’en avoir. Un jour peut-être, on verra, mais pour l’instant ma priorité va à ma femme Josée et à assurer la réussite de mes quatre beaux enfants. »