L’annonce de sa nomination comme entraîneur-chef avec le HC Sierre a été faite le 11 janvier alors qu’il ne restait que huit matchs à la saison régulière. L’équipe, qui avait enchaîné cinq défaites consécutives, venait de congédier son entraîneur, Yves Sarault.

De son côté, Mario Pouliot a démissionné de son poste chez les Pontiacs de Bonnyville, dans la Ligue de hockey junior de l’Alberta, pour se joindre au HC Sierre.

Son arrivée derrière le banc de la formation suisse a semblé remettre le club sur les rails puisque l’équipe a signé trois victoires de suite, avant de voir cette séquence prendre fin mardi.

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas été heureux comme ça et que je n’avais pas été aussi excité et enthousiaste », a lancé l’entraîneur maskoutain en entrevue avec LE COURRIER, quelques jours après son arrivée en Suisse.

Certes, Mario Pouliot vit un rêve en dirigeant une équipe professionnelle pour la première fois de sa carrière. Mais ce qui rend l’aventure encore plus spéciale, c’est qu’il se rapproche de ses petits-enfants et de sa fille, Janika, dont le conjoint, Éric Castonguay, évolue justement avec le HC Sierre.

« Hier, deux de mes petits-fils étaient à l’aréna. Ils sont venus me voir après la game. Tantôt, il y en avait un qui était sur la patinoire et qui pratiquait. Ça me permet de les voir et d’être près d’eux. En Alberta, j’étais tout seul là-bas, donc d’être avec la famille ici, ça n’a pas de prix. Je veux juste en profiter au maximum. »

Le parcours de Mario Pouliot avait été consacré entièrement au hockey junior jusque-là. Il est d’ailleurs le seul entraîneur à avoir soulevé la Coupe Memorial deux années consécutives avec des équipes différentes, un exploit réalisé avec le Titan d’Acadie-Bathurst en 2018 et avec les Huskies de Rouyn-Noranda en 2019.

Le Maskoutain avait fait ses débuts comme entraîneur en tant qu’adjoint avec le Laser de Saint-Hyacinthe dans la LHJMQ en 1990, avant de se joindre aux Gaulois du Collège Antoine-Girouard dans la ligue midget AAA quelques années plus tard. Il était retourné dans la LHJMQ en 2009 avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Il a aussi dirigé le Drakkar de Baie-Comeau et le Titan d’Acadie-Bathurst avant de revenir avec le club de l’Abitibi-Témiscamingue de 2018 à 2021.

Avec toute son expérience comme entraîneur, Mario Pouliot avait toujours l’ambition de faire le saut dans les rangs professionnels. « Mais je me disais que le temps commençait à jouer contre moi, a-t-il reconnu. Quand le train passe, soit tu embarques ou tu restes à la gare, et j’ai décidé d’embarquer. »

« Il y a deux ans, j’étais venu visiter ma fille et les petits-enfants ici, puis j’étais venu voir jouer Éric [Castonguay, mon beau-fils]. Quand j’avais atterri à Genève, j’avais eu un véritable coup de foudre pour la Suisse. J’avais vu six matchs en ligue B et deux ou trois matchs en ligue nationale A. J’avais rencontré des gens ici et là, et ça m’a donné cette opportunité aujourd’hui », a raconté l’entraîneur.

« L’an dernier, j’avais refusé un poste en France durant les fêtes, mais cette année, je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité à Sierre. »

Fait pour le moins inusité, Mario Pouliot avait déjà été l’entraîneur d’Éric Castonguay il y a une vingtaine d’années, à l’époque où il dirigeait les Gaulois.

« Je l’avais coaché deux ans avec les Gaulois. À son année de 16 ans, on avait gagné la Coupe Jimmy-Ferrari [en séries éliminatoires] et on avait perdu en finale de la Coupe Air Canada [au championnat canadien]. »

Une flamme ravivée

Après la fin de son séjour avec les Huskies de Rouyn-Noranda, au printemps 2021, Mario Pouliot pensait sincèrement en avoir terminé avec le hockey. Des problèmes de santé, notamment, l’avaient amené à se retirer de ses fonctions d’entraîneur-chef et de directeur général, puis sa passion derrière le banc s’était amenuisée durant la pandémie.

Presque un an et demi plus tard, l’opportunité de diriger les Pontiacs de Bonnyville, dans la Ligue de hockey junior de l’Alberta, s’est présentée à lui. Et il a tenté le coup.

« Je ne savais pas si j’avais encore la passion comme avant, mais je voulais valider si j’étais prêt pour la retraite ou si j’avais encore la piqûre. La première chose dont je me suis aperçu en arrivant avec les Pontiacs, c’est que la flamme était toujours présente. Je me suis senti super bien dès le début. En fin de compte, ça m’a servi pour avoir la job ici [à Sierre] parce que je ne suis pas sûr que j’aurais eu l’appel si j’avais décidé d’arrêter de coacher après mon départ de Rouyn. »

En se joignant au HC Sierre, Mario Pouliot entraîne pour la toute première fois des joueurs adultes, une expérience qu’il accueille avec beaucoup d’enthousiasme. « Ce n’est pas quelque chose qui me faisait peur parce que le hockey reste le hockey. Comme ce sont tous des adultes, je le vois plus comme un partenariat avec les joueurs. Je me sers de leur expérience et leur parle énormément. Je trouve ça vraiment plaisant et super motivant. »

La saison régulière du HC Sierre se terminera le 2 février. Avec quatre matchs à faire, l’équipe se trouve présentement au 5e rang parmi les 10 formations de la ligue suisse. Les huit premières accéderont aux séries.

« En ce moment, on profite de chaque instant et on veut juste que la saison dure le plus longtemps possible », conclut Mario Pouliot.