1 juin 2023 - 07:00
En cavale au Mexique depuis cinq ans
Martin Bienvenue : la confession d’un pompier ripou
Par: Martin Bourassa
Martin Bienvenue et Audrey Cloutier se sont réfugiés au Mexique il y a cinq ans pour fuir la justice, après que le premier eut commis un vol d’argent et de devises dans la salle des coffres de son employeur de l’époque. Ils doivent aussi répondre conjointement à des accusations en lien avec des vols et des fraudes commis à l’encontre du syndicat des pompiers de Saint-Hyacinthe. Photo gracieuseté

Martin Bienvenue et Audrey Cloutier se sont réfugiés au Mexique il y a cinq ans pour fuir la justice, après que le premier eut commis un vol d’argent et de devises dans la salle des coffres de son employeur de l’époque. Ils doivent aussi répondre conjointement à des accusations en lien avec des vols et des fraudes commis à l’encontre du syndicat des pompiers de Saint-Hyacinthe. Photo gracieuseté

L’histoire avait fait grand bruit en mai 2018. Martin Bienvenue, un pompier alors âgée de 44 ans et résidant à Saint-Hyacinthe, s’était vraisemblablement poussé à l’étranger en compagnie de sa copine après avoir fait main basse sur des centaines de milliers de dollars volés à même le coffre-fort d’une compagnie de transport de valeurs pour laquelle il travaillait à temps partiel.

On avait ensuite appris qu’il avait aussi fraudé le syndicat des pompiers de la Ville de Saint-Hyacinthe pour des milliers de dollars. Le duo est en cavale depuis ce temps et l’histoire a fini par sombrer dans l’oubli. Jusqu’à la semaine dernière, quand Martin Bienvenue a lui-même contacté LE COURRIER pour soulager sa conscience, confier ses remords et partager « sa » vérité.

« Je ne vis pas bien avec le fait que les gens vont me voir jusqu’à la fin de mes jours comme un voleur, un criminel, un fraudeur, un menteur, un profiteur et un fugitif. C’est délirant, mais en même temps, je n’ai pas d’excuses. J’ai trahi tout le monde. C’est impardonnable ce que j’ai fait et je le regrette en crisse. »

Séparation et arrestation

À l’évidence, le party est bel et bien terminé. Ceux et celles qui croyaient qu’il se la coulait douce en vivant encore du fruit de ses crimes ont tout faux. C’est un homme seul, désormais sans le sou, désorganisé, voire désemparé par moments, qui se raconte en exclusivité depuis le Mexique. C’est là que sa copine, Audrey Cloutier, et lui avaient trouvé refuge 10 jours après avoir traversé la frontière américaine il y a cinq ans.

Ils y auraient vécu ensemble sans trop se cacher jusqu’à tout récemment, soit jusqu’à ce que sa compagne décide de rentrer toute seule au pays le 24 avril. Selon nos informations, elle a été mise en arrestation dès son arrivée à l’aéroport de Montréal.

Audrey Cloutier a comparu au palais de justice de Saint-Hyacinthe le 27 avril pour répondre à quatre chefs d’accusation de vol et de fraude à l’égard du syndicat des pompiers de Saint-Hyacinthe. Elle a été remise en liberté le 18 mai et doit revenir en cour le 10 juillet pour la suite des procédures. Martin Bienvenue craint maintenant qu’elle retourne sa veste contre lui et tente de minimiser son implication personnelle. « Elle n’était pas sous mon joug, je ne lui ai pas “brainwashé le cerveau”. J’ai eu des idées et élaboré des plans, oui, mais Audrey a embarqué. Je ne l’ai jamais forcée et elle en a profité en masse. Ce n’est pas une victime, mais une complice. En juillet 2020, on a utilisé le dernier sac contenant 25 000 $ et en 2021, il n’y avait plus rien. »

Pour combien y en avait-il au juste? Martin Bienvenue précise qu’il a pris la fuite avec 30 000 $ reçus en héritage, 100 comprimés d’amphétamine et une somme de 382 450 $ subtilisée à même la salle des coffres de son ancien employeur.

Il dit avoir profité « d’une brèche de sécurité impensable » le dimanche 13 mai 2018 pour s’emparer de cinq sacs remplis d’argent comptant, sans même prendre la peine de se cacher le visage ou de désactiver le système de surveillance. « Je n’avais plus rien à perdre. J’ai pensé en prendre plus [de sacs], mais je ne voulais pas attirer l’attention trop rapidement. Je suis rentré à Saint-Hyacinthe aussitôt après pour cueillir ma blonde, paqueter son Jeep avec nos trucs et partir en direction des douanes de Lacolle. »

L’élément déclencheur de tout cela? Les fraudes commises à l’égard du syndicat des pompiers qu’il présidait à l’époque, en plus d’occuper le poste de trésorier pendant un moment. Au moment de sa fuite, il estime qu’il aurait floué, souvent avec l’aide d’Audrey, prend-il soin de préciser, son syndicat pour une somme variant entre 50 000 et 80 000 $.

Cet argent avait servi à faire la fête, à acheter des drogues, des pièces de rechange pour le Jeep de sa copine, des voyages au Costa Rica, en Jamaïque et à Las Vegas, etc. « On pensait pouvoir rembourser, mais on a perdu le contrôle. Quand j’ai appris qu’un prêt de la caisse des pompiers pour aménager un gym à la caserne avait été refusé, j’ai senti l’étau se resserrer et qu’on ne pourrait pas s’en sortir. Si je ne m’étais pas enfui, j’avais rendez-vous le lundi matin avec un enquêteur du syndicat central pour m’expliquer. J’étais pris au piège. »

La suite?

S’expliquer, il ressent aujourd’hui le besoin de le faire, mais il jongle encore à la suite. Il sait qu’il n’y a pas vraiment d’avenir pour lui au Mexique où la COVID a complètement saboté le petit commerce touristique qu’il avait mis sur pied et opéré quelques mois pour gagner de l’argent « propre ». Il sent la pression et craint aussi de se faire arrêter à tout moment depuis un mois, mais il n’a pas trop envie de se livrer par lui-même.

Bienvenue est visé par un mandat d’arrêt et il fait face à six chefs d’accusation relativement aux vols et aux fraudes commises contre le syndicat des pompiers et à un autre chef d’accusation de vol de plus de 5000 $ déposé à Longueuil pour le vol de devises. « Un avocat m’a dit que je risque 14 ans de prison, ce n’est rien pour me rendre optimiste. De toute façon, je ne crois pas à la justice qui ne récompense jamais celui qui dit la vérité, mais celui qui ment le mieux. Ma vie est finie. J’ai perdu sur toute la ligne et c’est ma faute. Je suis tout seul au monde en tabarnak man, je suis le champion des mauvais choix. J’ai eu une enfance de marde, une vie de marde et au moment où j’avais enfin le contrôle sur ma vie et l’occasion de prouver au monde que j’étais une bonne personne, j’ai tout crissé ça dans le mur. »

Nous avons tenté de joindre l’ex- conjointe de Martin Bienvenue pour obtenir sa version des faits en communiquant avec un membre de sa famille qui n’a pas souhaité commenter en raison des procédures judiciaires en cours.

image