Ce n’est ni par snobisme, ni parce que je suis blasé que je n’ai pas aimé plus qu’il ne le faut la Maserati Ghibli. C’est plutôt parce que la voiture n’a pas rempli ses attentes, élevées je dois le dire, et qu’elle n’affiche pas exactement les promesses qu’une sportive italienne devrait remplir.
Bref, je dois le dire, la Maserati est ma déception de l’année, rien de moins.
Car la Ghibli 2016 est loin d’être parfaite. Même que, de toutes les voitures qui lui font compétition, c’est peut-être celle qui a les défauts les plus flagrants. En contrepartie, aucune autre voiture intermédiaire de luxe ne lui ressemble, et le sentiment que l’on éprouve à son volant est unique. Dans un monde où les BMW Série 5, Audi A6 et Mercedes-Benz Classe E se fondent dans le paysage, la Ghibli se fait entendre et remarquer, et ne laisse personne indifférent. Mais elle a aussi sa part de défauts, qui nous place en doux équilibre entre l’amour inconditionnel et la déception. J’ai penché pour la deuxième option.
Physiquement, la Maserati se fait remarquer. Il faut dire que notre modèle d’essai était d’un évident bleu royal, et que la grille unique de la marque italienne attire les regards. Il est vrai que j’ai aussi eu droit à des remarques du genre « Quelle sorte de Buick est-ce? », en raison des ouïes qui sont localisées de chaque côté et qui sont aussi l’apanage de la bannière américaine, mais ce genre de propos était rare.
Autre détail, non négligeable non plus, les amateurs de voitures ont rarement, sinon jamais, l’occasion de s’approcher d’une Maserati. La rareté des modèles et la faible distribution au pays permettent aussi d’en faire une véritable star.
Ce qui attire vraiment l’attention cependant, c’est le son du moteur. Ici, oubliez la discrétion ou l’anonymat. Il suffit d’enfoncer le bouton de démarrage pour faire vrombir le V6 3,0 litres biturbo de la voiture. Le moteur, conçu par Ferrari, a une sonorité caractéristique qui a même fait sourire le valet de l’hôtel où j’ai séjourné pour quelques heures au volant de la voiture. Inutile de dire qu’on avait stationné le véhicule à quelques pas de l’entrée seulement.
Ce même moteur a non seulement une sonorité exclusive, mais il y jumelle aussi la puissance. Ses 404 chevaux et son couple de 406 livres-pied semblent sans limites en accélération et font littéralement bondir la voiture en avant.
Assis dans l’habitacle, on profite aussi d’une voiture aux sièges de cuir d’une qualité exceptionnelle, et d’un confort quasi inégalé dans l’industrie.
Alors, si la Ghibli a autant de bons côtés, pourquoi cette déception? Parce que la voiture a autant de défauts que de qualités.
Les sièges, par exemple, sont exceptionnels, mais ils ne sont que la pointe de l’iceberg. Le reste de l’habitacle n’a rien d’exceptionnel en matière de finition, et pire encore, il reprend le système multimédia et de navigation UConnect de Chrysler. Pas que le système soit mauvais, bien au contraire, mais disons que de partager le système d’une voiture de 100 000 $ avec celui d’une petite berline de 30 000 $ lui fait perdre un peu d’exclusivité.
La conduite de la voiture n’a rien non plus d’exceptionnel. À basse vitesse, on a la sensation que la direction est communicative et efficace, mais plus la vitesse augmente et plus sa lourdeur se fait sentir. Tant et si bien qu’à vitesse d’autoroute, on ne se sent littéralement pas dans une voiture sport.
Quant à l’espace pour les passagers arrière, il est, disons-le, symbolique. Je ne connais personne d’assez souple pour s’y glisser et profiter du confort.
Est-ce que la Maserati Ghibli SQ4 est une mauvaise voiture? Certainement pas. Mais est-elle à la hauteur de sa réputation et des 100 000 $ et plus qu’elle exige? Certainement pas non plus.