23 novembre 2023 - 03:00
Déménagement du siège social d’Olymel
Mauvais signal
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

La perte d’un siège social n’est jamais une bonne nouvelle pour une ville ou une communauté. Outre la perte de bons emplois locaux qui vient avec, elle envoie aussi le signal d’un déclin ou d’une perte d’influence.

C’est un peu tout cela que signifie le départ annoncé et irréversible du siège social du géant de l’agroalimentaire Olymel, installé chez nous depuis 1991. Nous allons perdre un symbole fort pour une technopole agroalimentaire tournée vers l’innovation. Le vice-président, sécurité alimentaire et services techniques chez Olymel, le Dr Sylvain Fournaise, n’occupe-t-il pas la présidence du projet de zone d’innovation, une reconnaissance à laquelle aspire la région maskoutaine plus vite que tard?

Le déménagement du siège social d’Olymel enlève une petite couche de vernis sur la technopole et nous privera d’emplois de qualité. Combien? Beaucoup. Selon le communiqué officiel, environ 195 employés sont touchés par ce mouvement de personnel qui n’entraîne, il est bon de le dire, aucune perte d’emplois comme telle.

Les pertes d’emplois dans les postes de direction ont eu lieu l’an dernier.

En octobre 2022, Olymel, dans un effort de dégraissage considérable, avait annoncé la suppression de 177 postes de cadres, refusant de préciser l’impact réel sur le siège social maskoutain. Cet automne, dans le cadre de la mise à jour de notre classement annuel des 200 plus grandes entreprises de la MRC des Maskoutains, elle prétendait qu’ils étaient encore 301 employés dans ses bureaux loués de l’avenue Pratte.

La direction a pourtant revu ce chiffre à la baisse la semaine dernière en prétendant qu’ils seraient plutôt autour de 250 dans ses bureaux en ce moment.Pour la forme, on retiendra qu’on perd un siège social, mais pas tout. Une cinquantaine d’emplois seraient maintenus localement une fois l’opération terminée. C’est mieux que rien. Même qu’on pourrait regagner une cinquantaine d’emplois une fois qu’Olymel aura terminé l’optimisation de sa distribution et de ses activités administratives.

N’empêche, le siège social s’en va à Boucherville et pas ailleurs. Faut-il s’en étonner? Pas du tout. C’était prévisible. Le gouffre financier (petite pensée aux anciens proprios de F. Ménard) dans lequel s’enfonce cette division de Sollio [coopérative qui a perdu 346 millions en deux ans] est connu et documenté. On n’annonce pas la fermeture de six établissements et la coupe de 1500 emplois en l’espace de quelques mois pour rien.

La relocalisation du siège social de Saint-Hyacinthe à Boucherville s’inscrit donc dans cette mouvance. Et ce n’est pas d’hier que le spectre d’un déménagement est dans l’air. C’est pour contrer le transfert du siège social vers Boucherville que le CLD des Maskoutains avait accepté, au printemps 2010, de verser 60 000 $ à Olymel afin de supporter le coût des améliorations locatives prévues à son siège social.

Ce petit bonbon négocié par le directeur général du CLD avait pavé la voie à un bail de cinq ans assorti d’une option de renouvellement. J’avais à ce moment salué cette initiative, tout en regrettant qu’Olymel ne considère pas sa présence chez nous comme un incontournable, comme une façon naturelle de témoigner de son appréciation et de sa reconnaissance envers une région qui a toujours beaucoup fait pour elle et sa prospérité. Mais les temps ont bien changé, tout comme la prospérité d’Olymel.

En 2023, la Ville de Saint-Hyacinthe et ses instances économiques comme Saint-Hyacinthe Technopole, en relève du CLD, n’ont rien eu à négocier. Tout ce beau monde a été mis devant le fait accompli. C’est à peine si notre maire a été informé quelques heures avant la mise en ligne du communiqué. Olymel n’a même pas cru utile et nécessaire de nous le faire parvenir directement au COURRIER comme elle en avait l’habitude quand une annonce officielle concerne les Maskoutains.

Comme le disait si bien le grand philosophe Marc Bergevin en 2017 alors qu’il était directeur général des Canadiens de Montréal : « Si tu veux de la loyauté, achète un chien. » Ainsi va la vie, ainsi s’en va le siège social d’Olymel. Heureusement, il nous reste encore des usines qui fonctionnent à plein régime et où travaillent plus de 1000 personnes. Ne faisons toutefois pas l’erreur de les tenir pour acquis. Avec Olymel, une mauvaise surprise n’attend pas l’autre.

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