18 juillet 2024 - 03:00
Même encadrée, l’implantation d’éoliennes dans la région est source d’inquiétude
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Bien que le règlement de contrôle intérimaire soit mis en place pour encadrer l’implantation d’éoliennes, les inquiétudes entourant ce sujet se multiplient dans la région maskoutaine. Photothèque | Le Courrier ©

Bien que le règlement de contrôle intérimaire soit mis en place pour encadrer l’implantation d’éoliennes, les inquiétudes entourant ce sujet se multiplient dans la région maskoutaine. Photothèque | Le Courrier ©

Malgré sa volonté de protéger près de 90 % des terres agricoles, le règlement de contrôle intérimaire (RCI) déposé par la MRC des Maskoutains continue de faire réagir. Lors de la dernière séance régulière du conseil de la MRC des Maskoutains, le 10 juillet, une dizaine de citoyens se sont présentés afin d’exprimer leur désaccord et leurs inquiétudes.

« On n’est pas contre le projet éolien dans la région maskoutaine, on veut juste que les citoyens soient bien informés avant de donner le feu vert aux promoteurs. Notre objectif, c’est de protéger le territoire agricole et le territoire habité. Si c’est bien fait et si le plan d’affaires est respectueux, personne ne sera en désaccord », a lancé François Véronneau, archéologue et membre du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM).

Simon Giard, préfet de la MRC des Maskoutains et maire de Saint-Simon, soutient que le RCI a été élaboré de manière sévère et a pour visée d’encadrer les paramètres géographiques où la construction d’éoliennes sera permise.

« Le RCI met les balises pour les projets éoliens et les futurs appels d’offres d’Hydro-Québec dans la MRC. On a imposé une série de mesures restrictives dans ce règlement. C’est uniquement 7 % du territoire qui est éligible à la construction d’éoliennes et, dans ce chiffre, il y a au moins 3 % qui ne répond pas aux critères. Peut-être qu’au final, il ne restera que 4 % du territoire qui sera ouvert au projet éolien. Le RCI ne vient aucunement brimer les droits de qui que ce soit. »

Le préfet de la MRC a affirmé que l’implantation d’éoliennes ne transformera pas le paysage de la MRC. « Si la MRC est retenue par les appels d’offres liés à la filière éolienne d’Hydro-Québec, c’est un infime pourcentage de son territoire qui sera admissible à la construction d’éoliennes. »

Pour Pierre Renard, aussi membre du CCCPEM, l’implantation d’éoliennes dans la région maskoutaine est source de division. Il a tenu à dénoncer le manque de transparence et les méthodes douteuses des promoteurs. « On ne consulte pas la population et on commence par s’assurer qu’il y a une banque d’agriculteurs qui est d’accord avec le projet et on s’étonne par la suite que la population se sente bernée là-dedans. »

M. Renard pense que la MRC devrait se pencher sur sa définition du développement durable. « C’est là où le bât blesse. Il faudrait mettre une clause pour dire que le développement durable est respecté, cela ne figure pas dans le RCI. »

Il fustige la technique de maraudage suivie par les promoteurs et l’inaction des maires à l’égard de cette pratique qui, selon lui, mène incontestablement à la division sociale. Il ajoute que la MRC a son mot à dire concernant cette pratique et qu’elle pouvait donner son accord ou non en conséquence. « La MRC pourrait agir si elle le voulait », a-t-il mentionné.

Selon M. Giard, la MRC ne peut pas empêcher les promoteurs d’approcher les agriculteurs.

« Pourquoi veut-on construire des éoliennes dans la région? » a questionné Jacques Tétreault, agriculteur et professeur à la retraite. Ce dernier ne semblait guère satisfait des distances séparatrices énoncées dans le RCI. « Qui serait d’accord à avoir des éoliennes à 900 mètres de sa maison? Les constructeurs d’éoliennes comme Siemens et General Electric établissent une distance d’au moins 1600 mètres, alors qu’en ce qui nous concerne, la restriction imposée est de 900 mètres seulement. Pour moi, ce règlement n’est pas assez strict. »

Selon Simon Giard, ce ne sont que des hypothèses qui entourent la question d’établir des éoliennes dans la MRC puisqu’aucun projet concret n’a été retenu jusqu’à présent. « Il se peut qu’aucun projet éolien ne voie le jour dans notre région et que les citoyens s’inquiètent sans raison », a-t-il exprimé.

Aucune autre assemblée publique de consultation sur le RCI n’aura lieu prochainement. « Le RCI sera présenté au comité d’aménagement le 30 juillet et devrait être adopté d’ici le 21 août si tout se passe bien. Des modifications seront apportées au niveau des monts qui seront davantage protégés. La distance minimale à respecter sera encore plus éloignée. On est conscients des préoccupations des citoyens, c’est pour cela qu’on s’assurera de faire les changements nécessaires. Il y aura aussi d’autres ajustements minimes qui seront apportés, mais en gros, les autres mesures proposées dans le RCI demeureront les mêmes », a fait savoir André Charron, directeur général de la MRC des Maskoutains.

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