11 mai 2023 - 07:00
Même les roches poussent
Par: Le Courrier
Au mois de mai, la nature se réveille, la vie se manifeste partout. Tout germe, tout pousse... même les roches! Les agriculteurs doivent les retirer des champs chaque année afin qu’elles n’endommagent pas les machines et n’entravent pas la plantation.

Je demeurais en campagne et cela m’intriguait chaque fois que je les voyais « récolter » des roches. Je pensais au mythe de Sisyphe de la mythologie grecque. C’est un geste répétitif, comme un symbole de l’homme et son sort dans ce monde – et pas seulement l’être humain – comme un châtiment qu’il faut subir, la destinée d’accomplir des phases et des étapes dans un cercle vicieux.

Les natifs de la région trouvent cela si banal que ce n’est même pas un sujet de conversation. Pour eux, cela n’a rien d’exceptionnel, c’est naturel qu’il y ait de nouvelles roches de différentes formes et grandeurs, chaque printemps. Je viens d’un pays tropical. Je m’émerveille et, en même temps, je m’étonne avec ces phénomènes dont je n’avais jamais soupçonné l’existence.

Cela s’explique par les cycles de gel-dégel. Les roches sont de meilleurs conducteurs de chaleur que le sol, de sorte qu’elles conduisent – retirent – la chaleur du sol plus chaud en dessous. Ce sol, rendu plus froid sous la roche, gèle donc avant la terre qui est à la même profondeur, autour de lui. Rappelons que, lorsque l’eau gèle, elle se dilate. Alors, quand l’eau dans le sol sous la roche gèle, elle se dilate et la pousse un peu vers le haut. Quand le sol dégèle, il reste un espace sous la roche qui se remplit de terre, de sorte qu’elle devient un peu plus haute. Au fil du temps, ce processus répété de congélation, d’expansion, d’impulsion vers le haut et de remplissage en dessous pousse finalement la roche à la surface.

Je dois avouer que la plupart des gens originaires des pays tropicaux, comme moi, n’ont jamais entendu parler de cela. Quand je leur ai parlé du phénomène, ils ont douté de moi. Et ce n’est pas un thème facile à trouver sur les sites Web scientifiques. [J’ai trouvé de la documentation sur le site Web de] l’Université de l’Indiana aux États-Unis – supposément crédible. Et c’est exactement ce que l’on m’avait expliqué ici.

Mais ce phénomène n’est qu’un détail. Tout le monde est dehors, à la recherche du soleil, pendant les heures libres, les activités en campagne et en ville sont intenses. Festivals à profusion, spectacles, nombreuses activités de plein air… La nature explose en fête, c’est une euphorie généralisée. C’est fascinant!

Maria do Carmo Vieira-Montfils, Saint-Hyacinthe

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