Pour y arriver, l’organisme veut jumeler chaque famille syrienne à une famille maskoutaine qui pourra la guider dans sa nouvelle vie. Une expérience qui a déjà commencé sur la bonne voie grâce à Lise Amyot et Robert Marquette, qui ont amorcé depuis peu leur jumelage avec la famille Hac Gazi.
Le couple syrien est d’ailleurs venu témoigner de son expérience depuis son arrivée chez nous. « On est parti sans savoir à quoi s’attendre, mais on est content de ce qu’on a trouvé en arrivant », a indiqué le père, Muhammed, par la bouche d’une interprète. S’exprimant en arabe, il a tenu à remercier Saint-Hyacinthe – qu’il a appris à prononcer très correctement – pour l’accueil qu’ils ont reçu.
Au coeur du conflit
La famille de six, avec quatre enfants âgés entre 6 et 19 ans, provient d’Alep, l’une des villes les plus décimées par la guerre civile qui s’étire depuis maintenant cinq ans en Syrie. De taille comparable à Toronto, celle qu’on surnomme désormais « la ville martyre » a vu des quartiers entiers être détruits et des milliers d’habitants fuir ses murs en raison des combats.
Deux jours avant de partir pour le Canada, une explosion a d’ailleurs retenti tout près d’eux, faisant une quarantaine de victimes. Malgré l’expérience traumatisante, la famille s’en est sortie indemne.
Soulagé d’avoir quitté Alep pour la quiétude de Saint-Hyacinthe, Muhammed ne peut s’empêcher de penser à ses proches qui sont restés là-bas. « On est heureux d’être ici, mais nos esprits sont encore à Alep. Heureusement, vos sourires nous aident à oublier ce que nous avons vécu », a dit Muhammed aux Maskoutains.
Repartir à zéro
Arrivés en janvier, les Syriens doivent « trouver leurs repères dans une société dont ils ne connaissent presque rien », a rappelé le président de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe, Richard Flibotte, qui agit comme porte-parole de ce projet de parrainage.
Même si la Maison de la Famille prend en charge les immigrants dans leur nouveau départ, par exemple pour se trouver un logement, obtenir leur carte d’assurance-maladie ou inscrire les enfants à l’école, il reste toujours une panoplie de petits détails quotidiens à assimiler. Voilà en quoi les familles maskoutaines peuvent aider, en agissant en quelque sorte comme des guides pour les nouveaux arrivants.
Les familles jumelées peuvent aussi faire des activités ensemble pour socialiser et, par la bande, « leur transmettre les valeurs québécoises », illustre Diane Amyot.
« Je suivais le conflit de loin, aux nouvelles, mais je n’aurais jamais pensé être en contact direct avec une de ces familles », a dit avec émotion Robert Marquette. Les deux familles sont allées à la cabane à sucre pour leur première activité, vers la fin mars. « Les enfants ont vraiment aimé ça », a dit Muhammed.
Leur priorité est maintenant d’apprendre le français pour pouvoir communiquer plus aisément avec les Maskoutains. Tous les enfants d’âge scolaire ont intégré l’école et les adultes suivent des ateliers de francisation. Le père aimerait aussi se trouver un clavier pour recommencer à joueur de la musique. Avant la guerre, il était un musicien et chanteur réputé dans une boîte de nuit d’Alep.
Appel à tous
Le directeur général de la Maison de la Famille, Carlos Martinez, a rappelé que son organisme, qui gère l’intégration des immigrants à Saint-Hyacinthe, a le mandat de faire le suivi avec eux pendant une période de cinq ans. Voilà pourquoi au-delà de l’accueil immédiat, l’organisme veille aussi à assurer leur inclusion à plus long terme au sein de leur nouvelle communauté.
La Maison de la Famille des Maskoutains lance donc un appel pour trouver des volontaires qui voudraient se jumeler avec l’une des six autres familles syriennes. Une occasion de « faire connaître les us et coutumes d’ici et par le fait même de s’enrichir en découvrant la culture syrienne », invite Carlos Martinez.