Lorsqu’une personnalité comme Michel Côté meurt, la secousse est de niveau Guy Lafleur. Dans le monde des arts, si Jean Duceppe est Maurice Richard, Michel Côté est le Démon blond, mais avec des cheveux bruns. Un joueur au style unique et au talent exceptionnel qui faisait lever les foules, mais savait aussi rester humble et accessible.

En témoignent les très nombreuses anecdotes de tournage, de coulisses, de galas ou de simples BBQ que se partagent les artisans du spectacle et le grand public. Certains évoquent la création de Broue à Saint-Hyacinthe dans les années 80, quelque part entre La Taverne à Willy et la Taverne Douville, des techniciens racontent les fous rires sur le plateau de La petite vie ou des spectateurs se rappellent ce qu’ils ont ressenti en voyant la série Omertà ou le film C.R.A.Z.Y. Quand t’as joué ta pièce de théâtre 3322 fois, joué dans 25 films et des dizaines de séries télé, t’as touché pas mal de monde. Pas surprenant qu’on soit si nombreux à témoigner de notre profond amour pour l’acteur quand devant ou derrière l’écran, on a tous partagé un moment avec Michel Côté.

Surtout, il a tellement bien joué l’homme québécois moderne à travers des personnages confiants, lâches, forts, tendres, mâles alpha parfois bêta, fâchants, touchants, pathétiques, flamboyants ou ratés sympathiques que nous avons reconnu des bouts de notre propre humanité à travers lui. On sentait qu’il jouait pour nous.

Et comme le grand Guy, il avait ce regard franc, ce sourire narquois et sûr de lui, mais qui ne s’est jamais caché d’être sensible et vulnérable, pis tout ça avec panache. À travers son art et son être, Michel Côté incarnait une image de nous-mêmes plus grande que nature. Comme Guy, il a incarné un rêve. Un rêve de nous.